A l’aube de ses 85 ans, Clint Eastwood enrichie une nouvelle fois le patrimoine cinématographique américain en présentant le témoignage d’un soldat d’élite, qui a consacré la majeure partie de sa vie à défendre son pays en Irak. Présenté comme tel, il est certain qu’on pourrait imaginer que le réalisateur fait une apologie à la guerre. Ce n’est pourtant pas surprenant quand on connait les valeurs pro-américaines du cinéaste. Car un américain ne regardera pas le film de la même façon qu’un européen. Outre-Atlantique, toutes les familles connaissent au moins un proche, un voisin, une connaissance qui est parti faire la guerre. De nôtre côté, on aura toujours le sentiment qu’American Sniper est un film de propagande qui affirme encore que les Etats-Unis est un pays idéal avec de grands héros. En tout cas, ce que l’on regrette, c’est que Clint Eastwood traite la guerre d’Irak de la même façon que ses précédents films sur la Guerre du Pacifique. On a donc un point de vue unique et difficile à démordre. Soulignons néanmoins une réalisation classique et mélancolique typique au maître. Son récit se lit avec une affection sans limite. Bradley Cooper, qu’on aurait pas spontanément imaginé pour ce rôle, se révèle être impressionnant de maturité. American Sniper lance le débat et est un support parfait pour parler de la guerre et des barrières qui séparent les Etats-Unis de l’Europe.