Petit aparté : je suis fan depuis très longtemps de Clint Eastwood, l’acteur. Plus particulièrement des personnages qu’il interprète, souvent solitaires, taciturnes, bourrus, mais au fond bienveillants et protecteurs. Ces rôles lui donnent pour moi ce côté attachant, cette présence, ce charisme à l’écran. Concernant le réalisateur, bien qu’ayant réalisé de véritables pépites, je dois cependant avouer que le charme n’opère plus tellement sur moi lorsqu’il ne figure pas au casting de ses films. J’ai aussi du mal avec certaines de ses positions « républicaines » en tant qu’homme, aussi je partais avec un peu d’à priori sur ce film. Fin de l’aparté.
American Sniper raconte l’histoire vraie d’un héros américain, Chris Kyle, trentenaire texan, patriote et prodige de la gâchette, surnommée « the Legend », qui va s’engager comme tireur d’élite dans les Marines et partir en Irak pour défendre son pays après les attentats du 11 septembre 2001.
Durant un peu plus de 2h, ce film retrace donc la genèse de cet homme, ses convictions, son engagement dans les SEALS puis ses fiançailles rapides avant le grand départ pour défendre sa patrie. S’en suit une alternance entre missions à haut risque, 4 en tout, et retours au bercail.
Donc oui, le film est plutôt bien réalisé, le climat, la dureté et l’ambiance sur le terrain en temps de guerre sont très réalistes, sans fioritures, les images sont souvent crues, et on a plus l’impression parfois de regarder un vrai reportage qu’un film hollywoodien. Le questionnement intérieur du personnage, interprété par Bradley Cooper, ne laisse pas des doutes sur l’horreur et les traumatismes qu’il subit, et pour tout cela j’ai été assez réceptif à ce film.
Seulement voilà, après un générique de fin déconcertant, j’ai découvert que l’histoire est adaptée du bouquin très médiatisé et publié en janvier 2012 par ce soldat. La Warner en a aussitôt acquis les droits, et a ensuite cherché pendant un an un réalisateur à son film. Entre temps, Chris Kyle a été abattu par un détraqué, et la fin du film, sonne du coup un peu trop comme un simple hommage patriotique à ce personnage. Du coup, les messages que je pensais avoir captés sur l’horreur et l’absurdité de tout cela ont été balayés d’un coup par l’impression évidente qu’au fond ce film se voulait d’être regardé uniquement au premier degré. Et là ça me gêne un peu ! Vive l’Amérique, sa sainte bible, ses héros ? Il s’agissait donc juste de cela ??? :(