American Sniper par Roland Comte
Chris Kyle (Bradley Cooper) vit au Texas et pratique le rodéo. Après les attentats des ambassades américaines en Afrique du 7 août 1998, il décide de s'engager dans les Forces armées des États-Unis. Il suit alors l'entrainement des SEALs où il devient un sniper de l'unité. Il rencontre Taya Renae, qui deviendra sa femme. Mais Chris est envoyé en Irak. Sa précision et son adresse au tir sauvent de nombreux soldats américains, qui le surnomment très vite « La Légende ». Lui-même revenu sans la moindre blessure, il rentre aux Etats-Unis pour sauver son couple mais, psychologiquement traumatisé par ce qu’il a vécu, sur les conseils du psychologue qu’il consulte, il s’investit dans le soutien aux vétérans revenus amputés du terrain et leur redonne le goût de vivre. Il sera assassiné par l’un d’eux. Le film se termine sur l’émouvant hommage qu’il reçut lors de ses obsèques de la part de milliers d’Américains qui le considéraient comme un héros national.
Chris Kyle ne nous est pas présenté dans le film comme un militaire « bas de plafond ». S’il s’engage dans les SEALs, l’unité d’élite de l’armée américaine, et devient un sniper, ce n'est pas par goût des armes ou pour dégommer des barbares, c’est pour protéger les soldats qui combattent en Irak. En cela, le film n’est pas un film de propagande belliciste comme certains le lui ont reproché. American Sniper, s’il prend évidemment le parti des militaires, ne prend pas celui de la guerre. Il nous présente au contraire son héros comme quelqu’un qui doute et réfléchit. L’une des premières images du film est, alors que Kyle est posté sur un toit pour couvrir ses compagnons au sol, il attend jusqu’à la dernière seconde avant de viser un enfant qui allait jeter une grenade sur le convoi qu’il doit protéger. La scène se reproduira plus loin dans le film avec un autre enfant qui se saisit d’un lance-roquette tombé des mains d'un moudjahidin que Kyle vient d'abattre. Ce dernier prie intérieurement pour que l’enfant repose l’arme afin qu’il n’ait pas à l'abattre lui aussi et il est soulagé quand il le fait. C’est d’ailleurs certainement l’une des scènes les plus émouvantes du film.
Le film a aussi une grande qualité : il nous montre les combats au plus près des combattants, presque comme si nous y étions, en particulier lorsqu’en pleine tempête de sable, les militaires sont encerclés par des moudjahidin. Autant que les acteurs, le spectateur est perdu dans ce maelstrom étourdissant où les ombres se discernent à peine, où le son des armes se mêle aux cris des hommes, dans un chaos assourdissant. C’est vraiment du grand cinéma.