Il faut bien s'y résoudre, le petit monde d'Apatow qui cartonne aux Etats-unis ne bombera jamais au box-office français, et ce malgré des critiques toujours élogieuses. Certes, quelques films ont réussi à faire parler d'eux au grand public comme Disjoncté ou encore 40 ans toujours puceau, mais pour la plupart ils restent anonymes, de même que la majorité de leurs acteurs, et il semblait donc logique qu'American Trip suive le même chemin, étant mené par deux illustres inconnus — en France, Jonah Hill et Russell Brand.
Aaron Green (Jonah Hill) est un petit agent de stars dans une grande société. Ambitieux, il réussira à mettre en place un projet de grande envergure: remettre une icône du rock britannique, Aldous Snow, (interprété par Russell Brand, vu aux côtés de Sandler dans Histoires Enchantées) sur les rails et lui faire faire un mega concert à la salle « Greek » de Los Angeles (d'où le nom Get Him To The Greek en version originale, renommé pour des raisons commerciales en fusionnant « American Pie » et « Very Bad Trip »).
Plaqué par sa nana, notre jeune agent tentera de mener sa mission à bien, se retrouvant face à un mec qui a autant le moral que lui, mais qui au lieu de se morfondre ne peut s'empêcher de se détruire en se droguant, se saoulant et en faisant évidemment toutes les conneries qui lui passent par la tête.
Après Funny People d'Apatow, on se retrouve une nouvelle fois en face de deux pros du burlesque à l'américaine, mais la comparaison s'arrête là. Funny People tapait dans le sarcasme et le drame avec un fond moralisateur, alors qu'à l'inverse American Trip prend le tout avec une grande légèreté, et les situations difficiles de ses protagonistes sont plus des excuses pour poser des gags que des prétextes au larmoyant. Certes l'histoire nous raconte la rencontre de deux hommes complètement différents, tous deux à un tournant décisif de leur vie, mais il ne faut pas plus chercher de morale qu'il faudrait en chercher dans Zoolander.
D'ailleurs c'est une bonne opportunité pour Jonas Hill qui rattrape son maigre rôle dans Funny People en ayant cette fois-ci la tête d'affiche (mais qu'il avait déjà eu précédemment dans SuperGrave — une autre prod Apatow, aux côtés de Michael Cera).
Point positif, le film annonce une durée relativement longue pour le genre (1h50) mais n'ennuie jamais, et ce grâce à une histoire qui sait se renouveler tout du long et nous servir un déluge de gags particulièrement fins (pour la plupart) et hilarants.
Pour conclure, Nicholas Stoller, qui a scénarisé Yes Man, signe ici son premier film qui est une comédie riche et puissante, méritant amplement sa place auprès des autres productions signées Judd Apatow. A noter également que le film est co-écrit par Jason Segel, vu aux côtés de Hill dans En cloque, mode d'emploi, qui était d'ailleurs réalisé par Apatow.
Mention spéciale pour P. Diddy, le patron de la star agency, à l'humour particulièrement grinçant et illustrant le côté pourri et faux-cul des agents.