Deuxième film de Nima Nourizadeh qui, après un Projet X franchement mauvais mais qui à tellement marché qu'il en est presque devenu un film générationnel et culte ( triste époque ), s'attaque cette fois-ci à un scénario de Max Landis. Landis s'est surtout fait remarqué pour avoir été le scénariste du très réussi Chronicle, qui jouait habilement avec le mythe du super-héros pour en détourner les clichés. Il s'était donc illustrer en scénariste intelligent et accompli mais il ne lui restait plus qu'à confirmer cette impression. Néanmoins à première vue, le projet s'annonçait bancal et déjà-vu, surtout que le choix de mettre Nourizadeh à la réalisation pouvait laisser craindre le pire. Mais parfois il ne faut pas se fier aux apparences car malgré des défauts évidents, le film cache quelques pépites insoupçonnées.
Le scénario de Landis tout d'abord, ce montre surprenant. Et ce, même si la formule reste connue de tous, le film est très proche de ce que l'on à déjà vu avec Kick-Ass par exemple, notamment dans la manière de mêler les genres et les tonalités. D'ailleurs le film aura parfois du mal à gérer les changements de ton de son film, le film étant beaucoup trop axé humour pour créer de véritables enjeux mais il est bien trop sérieux pour être pleinement drôle. Le dosage est mal géré malgré quelques passages qui font vraiment mouche dans les deux catégories. L'humour est souvent lourd dans certaines de ses tentatives, notamment lorsqu'il se concentre sur l'aspect gros fumeur et lent de son personnage principal, mais il fonctionne réellement lorsqu'il s'amuse avec les clichés de ce genre de film pour les détourner ou les contourner avec intelligence. Cela passe généralement par un sens du dialogue et de la réplique assez affûté, qui tape juste et qui manie habilement la dérision. Sinon pour le côté sérieux, la vraie force du film c'est de vraiment s'intéresser à ses personnages. Ils sont tous solides et même si ils semblent très stéréotypés, le film arrive toujours à sortir des schémas pour leurs donner une certaine épaisseur. En ça, le couple de héros est crédible et diablement attachant grâce à la finesse d'écriture mais aussi grâce aux interprètes. Le film arrive même à donner de l'épaisseur à un de ses méchants, au détour d'un dialogue bien vu et assez touchant, évitant totalement le cliché de l'antagoniste bête et méchant. Le film se pare aussi d'une réflexion sur la jeunesse en perdition et sur les dérives gouvernementales mais cela manque parfois de subtilité, néanmoins la présence de tout ça est plaisante et montre que le film est moins bête qu'il en à l'air. Après cela reste convenue d'une certaine manière, le scénario ne révolutionne rien, c'est attendu dans le déroulé de l'intrigue mais c'est plus solide et bien mieux vu que l'on aurait pu croire, et ça fait diablement plaisir à voir.
Surtout que l'ensemble est tenu par un casting impeccable, chaque acteurs s'en donnent à cœur joie et ils sont tous vraiment très bon que ce soit dans les rôles secondaires ou les rôles principaux. Même si on retiendra en priorité les couple formé par Jesse Eisenberg, ici à contre-emploi dans un rôle touchant qu'il maîtrise à la perfection, il arrive autant à se montrer paumé et angoissé que glaçant et imperturbable, et Kristen Stewart, qui prouve encore un fois que c'est une grande actrice. L'alchimie entre les deux acteurs est d'ailleurs plus que palpable, une vraie complicité ce dégage et nous fait croire instantanément à ce couple franchement mignon et attachant. Sinon pour le casting Topher Grace et Walton Goggins sortent aussi du lot, le premier car il se montre assez hilarant dans son rôle de tête à claques tandis que le second s'impose par son charisme inquiétant et sa profondeur. Goggins impressionne d'autant plus si on l'a déjà vu dans la série Justified, où son rôle de gangster intelligent contraste ici avec son rôle de tueur légèrement demeuré. Dans les deux cas, il se montre touchant et excellent.
Pour ce qui est de la réalisation, celle-ci se montre abouti que ce soit sur la technique avec un rythme soutenue grâce à un sens du montage habile et une photographie léchée ou sur la mise en scène très maîtrisé et surprenante. Nima Nourizadeh à clairement fait du chemin, après un premier film brouillon et paresseux, il fait ici une mise en scène appliqué qui offre des scènes d'actions bien pensées, énergiques et d'une maîtrise imparable. Le découpage est impeccable, permettant une bonne lisibilité et une violence crue mais qui ne tombe pas dans la gratuité ou le sensationnalisme tandis que celle-ci sont en constantes évolutions dans leurs principes même si parfois elles sont un peu incohérentes et tombent dans certaines facilités. A l'image du plan séquence en fin de film qui joue à fond la carte du fun pour plaire au public et qui fait un peu tape à l’œil mais qui se montre quand même diablement bien orchestré.
En conclusion American Ultra est un bon film. Solide et bien pensé dans son scénario, jouant habilement des clichés malgré un dosage des tonalités mal géré et d'un aspect convenue qui l'empêche d'être plus qu'un simple divertissement. Le film impressionne aussi par son sens de la mise en scène, qui se montre maîtrisé et énergique, chose que l'on aurait jamais douté venant de ce metteur en scène. De plus le casting est impeccable et nous offre un des duo d'acteurs les plus attachants du moment, Jesse Eisenberg et Kristen Stewart. Non seulement ils sont doués mais il arrive vraiment à nous impliquer dans le film, nous faisant passer un bon moment de détente qui nous divertit, nous fait sourire ( mais rarement rire ) et qui ne nous prends pas pour des imbéciles.