A mesure que l’industrie hollywoodienne progresse dans son exploration des genres, le créneau pour trouver une approche originale se réduit : quand on prend son courage à deux mains pour renoncer aux reboots ou aux franchises, il s’agit désormais d’aller piocher dans tout ce qui a été fait auparavant.
American ultra, c’est donc la combinaison d’un Jason Bourne, d’une romcom à la Appatow et d’une bastonnade qui flirterait du côté des Raid ou de Kick-Ass. En veux-tu, en voilà, mixons le tout et voyons ce que ça donne.
Le résultat est plutôt plaisant, reconnaissons-le. Par ce couple de paumés en attente de révéler leur sexytude, ces pontes de le CIA caricaturés comme on peut l’être dans les sitcoms, (on remarquera à ce titre l’important cheptel venu des séries, Spin City, Arrested Developpment ou 70’s show, et qui insuffle un comique assez séduisant), Nima Nourizadeh trouve une alchimie qui permet au mélange de prendre forme. L’aspect comédie n’est jamais trop forcé, la dérision suffisante pour qu’on accepte à peu près tout et n’importe quoi sans qu’on bascule pour autant dans la parodie vaine.
Si la dimension romantique est plus dispensable, dans la série « malgré le destroy et avec lui, vendons la soupe habituelle de la demande en mariage », les séquences dévolues à l’action sont bien menées, notamment dans cette découverte hébétée du junkie sur ses propres talents, pouvant dézinguer un hostile avant de s’en excuser. La séquence finale, qui voit tous les rayons d’un supermarché exploités au service de mises à mort les plus baroques est un petit plaisir à lui tout seul, qui des ampoules aux boites de conserve, des poêles à frire aux marteaux, varie avec une euphorie méchante les exécutions.
On l’oubliera vite, parce que le film n’ambitionne rien de plus que sa propre efficacité. Mais, sur ce terrain souvent si décevant des films d’action, c’est déjà un grand mérite.