Une rareté à la fois plaisante, subversive et souvent poussive : le film de Maurice Phillips n'est ni plus ni moins qu'une satire de l'empire télévisuel, empire chapeauté par les dirigeants des Etats-Unis d'Amérique. Prenant la forme d'un grand détournement organisé par une bande de pirates de l'air concoctant des programmes destinés à bousculer l'ordre établi American Way représente avant tout une charge contre le modèle républicain des années Reagan, période politique marquée par un retour aux valeurs conservatrices et chrétiennes.
Maurice Phillips n'y va pas par quatre chemins : sa farce burlesque ( évoquant notamment l'enchaînement de gags du 1941 de Steven Spielberg ou la causticité du Docteur Folamour de Stanley Kubrick ) s'affiche tel un affront doucement ironique lancé aux dignitaires américains ; il assume complètement son irrévérence, légitimant son propos au point d'être parfois trop appuyé et surtout cruellement dénué de nuances. Un brin binaire dans ses intentions ce film méconnu demeure pourtant suffisamment lucide et intelligent pour remporter notre adhésion, ne serait-ce qu'à moitié.
Jonglant habilement entre les différentes imageries ( télévisuelle, journalistique, musicale ou encore virtuelle... ) cette comédie mordante sollicite malicieusement notre bon-sens tout en donnant au grand et charismatique Dennis Hopper un rôle de vieux briscard sympathique plutôt savoureux. L'axe du Mal façon rock'n'roll : à redécouvrir.