Je me suis complètement fait désarçonner par ce Risi dans le sens où j’en attendais une comédie dramatique légère, une petite satire à l’italienne dont il est coutumier. Mais je me suis vu servir un drame glauquissime qui m’a mis dans les cordes, laissé un peu pantois sur le fauteuil après projection. Que penser de cette fresque vénitienne qui alterne entre l’absurde et la philosophie de bas étage pour traiter d’un amour interdit particulièrement malsain ?
Une chose est certaine, Vittorio Gassman et Catherine Deneuve confirment tous deux leur statut respectif de monstre du grand écran. Qu’il joue les timbrés du caisson ou les maris retors, le fanfaron est époustouflant de naturel, à l’aise en toute circonstance, il en impose face à la caméra, au point de nous faire flipper alors qu’il ne fait que rigoler. Blondie quant à elle se débrouille à merveille, composant au mieux avec un rôle ultra casse-tronche… sa dernière scène est saisissante.
Pas évident de savoir quoi penser de tout cela une fois le rideau final baissé. Certains mécanismes dont abuse Risi pour générer le malaise font l’effet d’être parfois gratuits (la scène de la projection qui commence à lever le voile en est un bon exemple) mais ils sont efficaces, c’est indéniable. D’autres tombent un peu à plat, quiconque sera un peu attentif saisira la clé du « mystère » bien rapidement. En partie du moins, la révélation finale étant un peu moins attendue.
Bref, je marche un peu sur des oeufs vis-à-vis de ce Risi, d’un côté j’ai trouvé ça bien mené (certains discours prennent un tout autre sens une fois le pot aux roses découvert), de l’autre je me pose encore la question de ce qui l’a motivé... une seconde séance serait peut-être à envisager, mais je ne suis pas certain d'avoir envie de me plonger à nouveau dans cette trouble Venise !