Jeux d'ombres...
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Au cœur des films les plus personnels de Barbet Schroeder, fictions («More», «La vallée», «La Vierge des tueurs») ou documentaires («Idi Amin Dada», «Koko le gorille qui parle», «L’avocat de la terreur»), il y a toujours eu la volonté de s’interroger sur la marche du monde et de l’histoire. Le 17e long-métrage du très international cinéaste suisse ne fait pas exception. Mais il est plus introspectif, rétrospectif aussi, puisqu’il s’intéresse au personnage de Martha (inspiré de la mère du réalisateur), une femme allemande traumatisée par l’horreur nazie qui a décidé de vivre en ermite dans une maison retirée d’Ibiza. Alors qu’elle refuse de parler sa langue maternelle, et même de monter dans une Volkswagen, elle se lie d’amitié avec Jo (Max Riemelt), un jeune musicien allemand qui rêve de se faire engager dans le temple de la techno, le célèbre club Amnesia (qui existe réellement). Le mur de Berlin vient de tomber, les frontières se redessinent et une nouvelle culture musicale déferle sur le monde. Au contact de son jeune voisin, avec lequel elle s’obstine à parler en anglais, Martha redécouvre la langue qu’elle s’est tant forcée de renier… Formellement, «Amnesia» n’est pas exempt de défauts, avec sa mise en scène télévisuelle et un scénario un peu trop lourdement didactique dans sa seconde partie. Mais la forte présence des deux acteurs principaux dont l’évidente complicité irradie l’écran, tout comme les paysages vibrant de lumière photographiés par le grand chef-opérateur Luciano Tovoli, suffisent à apporter la dimension sensuelle nécessaire pour transformer une complexe mais passionnante réflexion théorique - sur l’oubli, la langue, les marques du passé, la responsabilité personnelle vis-à-vis de l’histoire, l’inexorable fuite du temps - en un vrai film de cinéma, sincère et touchant jusque dans ses imperfections.
Créée
le 1 févr. 2022
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