Gare aux gnomes

Si le grand public a la possibilité de voir le Festival d'Annecy essentiellement à travers les long métrages qui portent le logo d'Annecy, les festivaliers connaissent le festival aussi à travers sa compétition court métrage, véritable vivier à talent. Chaque années, ce sont des centaines de courts métrages de courts métrages qui sont diffusés dans différentes compétitions, que ce soit les sélections bis comme la sélection perspective avec des films comme Money and Happiness ou même des courts métrages étudiants avec Garage Kid (qui sera retravailler pour aboutir à Code Lyoko), et à terme différents courts métrages se voient récompensés, leur offrant une belle publicité pour d'autres festivals. Ce fût le cas avec Amok, lauréat du Crystal du court métrage 2022, qui a pu être sélectionné en compétition court métrage à l’Étrange festival.

Amok est typiquement le type court métrage qui est fait pour gagner des prix en festival amateur d'animation border. C'est un film anarchique qui se colle à la vie chaotique de son personnage principale, en proie à la venue d'un gnome qui représente son déphasent avec le monde réel, ainsi que ses troubles le poussant à commettre des atrocités. Cela amène une manière sensationnaliste de traiter le récit, dans une optique de surenchère où il faut faire plus spectaculaire et plus violent que la scène précédente. De cette logique, on a une volonté de se surpasser et d'être toujours plus créatif visuellement et artistiquement qui fait plaisir et qui pousse à vouloir regarder le film jusqu'au bout. Le tout est mis en scène dans un univers très pop saturé, dans un univers qu'on dirait tout droit sorti des Kassos sous LSD, qui est vraiment intéressant sur certaines scènes.

Le soucis est que le récit devient très vite un bordel sans nom, laissant entrevoir très peu de réflexion de fond, qui nous pousse à penser que ce n'est de l'esthétique que pour de l'esthétique. On voit un personnage perdu dans son monde baigné de violences et de névroses, et sans trop qu'on ait d'explication ou même de propos de fond, on est amené à voir où est ce qu'il peut aller, et s'il a une possibilité de s'en sortir. Sans doute que le contexte de festival joue beaucoup sur l'appréciation du film, mais on sent que le film aligne les bizarreries qui plairont aux festivaliers et les amateurs de cinéma underground, et qu'il n'y a pas grand intérêt à voir ce film mis à part pour sa violence et son esthétique qui, il faut le reconnaitre, est pas inintéressante, quoi que déjà vu.

10,5/20

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