Dès la première scène Haneke nous scotch, on ne rigole pas ! Gisant sur son lit de mort, Anne dépérissant sert à Haneke d'annoncer la chronique d'une mort annoncée. Puis un bref retour en arrière et c'est dans le quotidien de ce couple d'octogénaire, passionné de musique et cultivé, que l'on pénètre. Et dans cet appartement le génie d'Haneke éclate, sa mise en scène toute en retenue nous suggère que ces deux-là se sont aimés toute leur vie. Jusqu'à une scène magnifique, celle du robinet, prémisse d'une descente aux enfers. Anne est atteinte d'une maladie cérébrale et plonge doucement vers la mort face à l'impuissance de Georges. Et celle du spectateur, cloué sur place, obligé de subir tout ce qui arrive.
Amour de Michael Haneke,déjà ça sonnait faux. Et pour cause Haneke essaye de nous faire croire qu'il a changé mais pas du tout. Comme à son habitude il dirige les émotions du spectateur, le forçant à regarder l'intolérable, nous forçant à croire que c'est de l'amour. La scène de l'oreiller, c'est de l'amour, point. Il ne laisse pas le choix au spectateur, il l'enferme et l'oblige à ressentir tel ou tel chose. En même temps, comment résister à un tel titre ? De l'Amour Haneke nous montre que son plus mauvais côté, la perte de l'être aimé, et il nous le montre lentement, progressivement. Le grand artiste qu'on a du mal à aimer est toujours là et n'a pas changé. Son cinéma clinique est simplement caché par un titre aguicheur.
Mais las. Je n'aime pas Michael Haneke mais son cinéma est d'une telle force qu'on se résigne. C'est un grand artiste, pas drôle pour un sou, mais il reste un grand artiste. Si Le Ruban Blanc était abjecte, Amour est sauvé par ses comédiens. Le retour de Trintignant est triomphale, son jeu est juste de bout en bout et totalement percutant. Idem pour Emmanuelle Riva dont on est loin d'imaginer le courage qu'il a fallu pour un tel rôle.
Ce n'est pas un film "agréable" mais le cinéma en a besoin.
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