Une fois encore Haneke nous livre son regard froid sur un sujet de société. Il fait ici d'une pierre deux coups en traitant à la fois vieillesse et comme le titre du film le laisse deviner, l'Amour.
On suivra la vie quotidienne d'un couple d'octogénaires, Georges et Anne, bouleversée lorsque cette dernière se verra victime d'un AVC. Le huit clos et le style voyeuriste cher au réalisateur distillent un certain malaise, une volonté de détourner le regard, comme le fait malheureusement bien souvent la société face à ses ainés. Georges, animé d'indéfectibles sentiments pour son épouse assistera impuissant à la déliquescence de son corps dans un premier temps, puis de son esprit.
Il l'accompagnera, la protégera d'elle-même et du regard des autres, mais la voyant peu à peu décroitre, il se verra contraint à accepter l'intervention de plus en plus de personnes extérieures à l'intimité du couple.
Malgré quelques longueurs, toutefois nécessaires pour retransmettre au spectateur la lourdeur de la situation des protagonistes (les jours se succèdent dans la crainte d'une aggravation de la situation), le film laisse entrevoir la pureté des sentiments d'une rare beauté. Georges aime sa femme et s'en veut lorsque ses nerfs le lachent. Et si Georges s'en veut de s'emporter contre sa femme par moments, le spectateur se sentira parfois tout autant coupable de juger les humeurs du bonhomme lorsqu'il se rappellera sa situation dans son ensemble.
On pourra ici reprocher des dialogues trop "récitations théatrales" pour sonner authentique, des scènes inutiles à mon sens (le pigeon) et venant gonfler la durée d'un film déjà importante pour un huit clos mais la fin, belle et juste nous fait oublier ces menus détails.