A l'Amour comme à la Guerre.
Tout comme "The Artist", j'ai mis du temps à regarder "Amour" de Michel Haneke. Pourquoi ? J'en ai pas la moindre idée. Mais ... c'est un film à voir sans modération !
"Amour" est l'histoire d'un couple octogénaire qui doit faire face à la maladie qui ronge Anne (Interprétée merveilleusement bien par Emmanuelle Riva).
Dés les premières séquences, Haneke pose le cadre : Ce sera un film lent avec énormément de plan fixe durant jusqu'à 2 minutes parfois. Certains n'aimeront pas et trouveront ça trop lent (L'homme est formaté aujourd'hui à voir une multitude de plans ..) et d'autres aimeront. Le plan est fixe, comme une photo. La photo d'un couple dans la tourmente.
Ex : Discussion entre Eva (La fille unique du couple, interprétée par Isabelle Huppert) et Georges (J-L Trintignant) : Un seul plan pour environ 3 minutes de discussion. Rien ne se passe, seule la discussion laisse le spectateur concentré. (On aurait tendance parfois à se lever pour aller chercher un verre de Coca bien frais et une tablette de chocolat Milka ...) Pourtant la scène est l'une des plus belles à mon goût. "Je me rappelle quand je vous entendais faire l'amour avec Maman. Ca me rassurait, c'était la preuve que vous vous aimiez". La nuit, il ne se passe plus rien entre Georges et Anne. Sont-ils encore amoureux?
Anne n'exprime aucun sentiment, parle peu. Georges lui, est protecteur de sa femme, soucieux, attentionné et optimiste. Il ne semble pas prendre la maladie de sa femme au sérieux.
La décoration de leur appartement nous dit tout sur la vie que le couple a mené. (La musique, le piano, la littérature, la bibliothèque.)
Ce qui est beau jusqu'à la moitié du film c'est qu'Emmanuelle Riva n'est pas consciente de la gravité de sa maladie. "Je ne suis pas une handicapé" dit-elle. Elle n'accepte pas ce statut que son mari aurait tendance à lui donner. Pourtant, Anne est handicapée. La scène où Trintignant l'aide à faire sa toilette et à l'allonger dans son lit sont deux scènes fortes, tragiques. LE COUPLE COMMENCE A SE FRAGILISER.
Haneke a ce don de rendre beau un quotidien, une pièce sans vie, une femme vêtue d'une robe de chambre bleue, allongée sur un lit, avec une simple lampe de chevet allumée. Il n'y a rien qui se passe mais c'est beau et touchant.
Une scène encore marquante : Georges lis son journal dans un fauteuil. Anne est allongée dans le canapé à côté. Elle lui lis son horoscope. Espoir, amour, santé lui sont prédits. Or, cet horoscope, symbole bien souvent d'espoir personnel, semble être une utopie pour le couple, quelque chose qui n'existera plus jamais. La fin semble arrivée.
La fatigue commence à s'emparer du visage de Georges. Il est usé, ses traits sont tirés. Le couple devient nostalgique comme pour partager les souvenirs d'une longue vie amoureuse ... Les derniers ... Elle regarde les photos de leur longue vie : "C'est beau la vie si longtemps ... la longue vie".
Anne est de plus en plus faible et maigre. Georges n'exprime rien en vers elle ; Pas même de la pitié. Anne est "un enfant sans défense", elle n'est même plus capable de chanter "Sur le pont d'Avignon".
Ce film est une peinture de l'AMOUR dans la tourmente. Même si Haneke, explicitement, nous montre aucun signe d'amour dans le couple, il arrive à nous convaincre que ce couple à vécue une vie amoureuse et passionnée. On le comprend dans l'entraide, mais aussi dans le silence énormément présent dans ce film. Le silence ne dit-il rien ?
Chapeau Haneke, un film à voir et à revoir, un classique ! Carpe Diem, une vie passe si vite.
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