Rien à redire sur la réalisation d'un point de vue formel (plans cadrés au millimètre près, cohérence dans les décors, dans la photo, mise en scène subtile et intelligente), même le jeu un poil trop guindé des acteurs est pour moi de très bonne facture voire remarquable ; ce qui me choque c'est le propos qui fondamentalement légitime le meurtre. Comme c'est celui d'une vieille femme malade personne ne s'offusque, tout le monde trouve cela bien naturel, ce qui est gravissime et révélateur. On peut bien dire que je n'ai rien compris au film, qu'en fait c'est plus complexe que cela, qu'il n'y a aucun message défini et absolu, que ma vision est manichéenne ; certes, sauf que présenter ce meurtre comme de l'amour (c'est tout de même le nom du film) alors que dans notre société actuelle des personnes âgées bien réelles sont littéralement maltraitées jusqu'à la mort (tuées, disons-le clairement) car elles ont le culot de vieillir (les gens semblent tous oublier qu'à un moment donné cela leur arrivera aussi) et que des choses extrêmement graves se passent chaque jour, pour moi c'est indécent. Si le but c'est de réfléchir au contraire à ces questions très sérieusement, notamment à la question du consentement "à survivre" bien illustrée dans le film (quand Riva refuse de s'alimenter : que faire alors ?) alors pourquoi pas. Mais qu'on ne vienne pas dire qu'il s'agit là d'un chef d'oeuvre d'humanité, c'est pousser bien trop loin. Il n'en faut pas beaucoup pour froidement étouffer quelqu'un avec un oreiller sous prétexte que cette mort arrange complaisamment tout le monde, dont une société hypocrite, dont le spectateur aussi, pas épargné pendant deux heures comme pour lui faire accepter cette fin.