AMOUR d'Haneke m'inspire le dégout.
Quelque chose entre le contenant et le contenu me démange.
Octogénaire, Georges accompagne sa femme Anne jusqu'au bout de la maladie, réalisant par ce fait un acte héroïque salué en masse par la critique et les spectateurs. Amer plus qu'AMOUR, ce huis clos grand bourgeois, résonne comme l'ennui terrible qu'à dû être la vie de ces deux protagonistes, professeurs émérites au parcours sans failles apparentes.
Annoncé tel quel, on s’attendrait à une preuve authentique, singulière... quelque chose de grand, d'unique, de déchirant ! Sans l'ombre d'une hésitation, beaucoup sont immédiatement conquis, bouleversés... et moi de broyer du noir... Face à l'aridité de ce désert de chair, amour-sec-et-fort-en-faux-semblants m'irrite.
Expert de l'ambiguité, qu'est-ce qu'Haneke dépeint ? Hymne à l'amour, au mensonge ? S'agit-il d'un pied de nez fait pour séduire sournoisement le fleuron d'une société de nantis ? Ou n'est-ce pas plutôt la farce macabre de ceux qui se fourvoient sur les autoroutes de la bienséance ?
Ce film n'est manifestement pas l'histoire simple, limpide, efficace et généreuse à laquelle on pourrait croire. Il y a là, derrière, en filigrane, une critique acerbe, le constat triste et amer d'un bonheur résolument absent. Je ne sais pas d'où émane l'austérité qui plane entre ces deux protagonistes, mais elle est permanente, installée de longue date, devenue ciment. Et cette matière grise qui coule dans leurs veines n'a semble-t-il jamais eu la couleur pourpre, insigne de vie. Ces deux là portent en silence une croix bien lourde, sculptée assidument au fil d'un temps scrupuleusement égrené. Les non-dits ont progressivement pris toute la place à côté des titres et des distinctions, empesant l’atmosphère d’un air grave et sévère, sans famille ni amis. Alors tout d'un coup, AMOUR, résonne comme une amère mascarade.