Love Unto Waste est de ces films qui vous communiquent des émotions, ces bouleversements qui vous plongent littéralement dans le récit. Il est de ces films qui vous immergent dans la vie de ses personnages pour lesquels l’attachement n’attend pas. Il est aussi de ces films qui communiquent cette chose impalpable que seules les grandes œuvres ont le secret. Il n’y aurait pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est l’emploi abusif d’une musique qui s’avère parfois de trop. Peu importe, Love Unto Waste nous agrippe comme cette caméra qui capte chaque soubresaut des protagonistes. On se laisse porter par une histoire aux multiples facettes qui embrassent différents genres (comédie, romance, drame, policier…). Le cinéaste hongkongais maitrise avec dextérité les cassures de tons comme son sujet : les femmes. S’il y a un thème dont traite Stanley Kwan c’est bien celui de la condition des femmes et cette tragédie aux relents fatalistes qui les entoure au quotidien. Il nous dépeint des caractères forts qui mènent des luttes passionnées pour exister et s’émanciper. Il y décrit aussi cette forme d’oppression qui s’abat sur ses sujets féminins qui cachent leurs sentiments. Des sujets féminins à l’identité forte qui souffrent en silence de l’éloignement, de la solitude, d’une réussite professionnelle qui ne vient pas, du désespoir... Love Unto Waste c’est également la surprise que l’on a de voir la maturité dont fait preuve Stanley Kwan pour sa deuxième mise en scène. Elle est à la fois fluide (emploi des ellipses), minimaliste et adoptant un cadre juste. Le casting n’est pas en reste. Il offre des prestations touchantes et marquantes.
Si Love Unto Waste a été un échec financier, il se fit tout de même remarquer au Hong Kong Film Award de 1987. Avec neuf nominations mais surtout deux prix, celui du Meilleur scénario pour le duo Yau-Daai On-Ping (Boat People, 1982) et Lai Git (Woman, 1985) et du Meilleur second rôle féminin pour l’actrice Elaine Kam, cette œuvre de Stanley Kwan se caractérise par une réussite formelle, tant dans l’histoire forte à l’image de ses personnages que des interprétations qui donnent corps à l’ensemble.
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