Liar liar, pants on fire
"An honest liar", encore un documentaire comme je les aime sur des personnes et des évènements réels plus captivants que la plupart des fictions. Celui-ci se concentre sur James Randi, ancien...
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le 30 janv. 2019
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Le point de départ de An Honest Liar est déjà suffisant pour mettre l’eau à la bouche, présentant la croisade d’un magicien alla Houdini, the Amazing Randi, qui à mi-parcours décide d’utiliser ses talents d'illusionniste pour percer à jour ceux qui oseraient utiliser les mêmes astuces que lui à des fins autres que celles du pur divertissement où la tromperie est consentie. Le personnage fascinant s’attaque alors à toutes ces raclures de guérisseurs par la foi, de médiums qui exploitent la faiblesse de leur victime, ou de pseudo-scientifiques qui renient toute assiduité protocolaire afin de servir leurs hypothèses. Un programme déjà alléchant qui va prendre une tournure inattendue et s’enfoncer dans des pistes de réflexion qui dépassent la simple histoire de cet homme pour dépeindre les travers d’une société qui part à vau-l’eau.
Le premier point d’orgue de ce film, c’est sa démonstration de la bêtise d’une population qui se fie aux évidents charlatans. Où sont-ce les dérives massives de la société qui par effet d’aliénation, de propagation de contre-vérités plus faciles à avaler, et d’abandon de toute notion de honte (cf l’épisode Raising the Bar de South Park), crée les proies parfaites, facilement manipulables et extorquables car désireuses de l’être?
On se retrouve ainsi face à la crétinerie avérée d’un public qui préfère croire des mensonges alors même que les preuves de ceux-ci sont présentées, qui n'hésite pas à persifler les lanceurs d’alerte qui osent les sortir de l’inconfort de leur bulle de charlatanerie. Les amorces d’une dévaluation de l’honnêteté intellectuelle et de la véracité scientifique qui ne pouvaient que, inéluctablement, conduire à notre ère actuelle où règne la post-vérité. Où n’ont de valeur que l’aplomb de la déclaration et le martèlement des propos, plutôt que leur fond. Où l’on peut mentir à tout va, nier en bloc contre tout bon sens, le détournement de l’attention du public sur ce qu’il souhaite entendre étant suffisant pour que la pilule passe.
Les moutons adulent les faux prophètes, se réjouissent de l’émergence de boucs émissaires, et se blottissent dans leurs idéaux préconçues. En somme, c’est la déliquescence affichée, dès la seconde moitié du XXème siècle, de ce monde qui fonce droit dans le mur à tous les étages puisque porté par le vent de quelques crieurs publics véhéments.
En parallèle de tout cela, la structure du documentaire allie les jeux de dupes pratiqués par Randi dans la vie publique, puis dans la vie privée, et développe un fil narratif méta jusque dans un final aussi touchant que circonstanciellement épatant. Les cartes sont brouillées, et la quête du prestidigitateur le rattrape dans son quotidien, bouclant la boucle avec le postulat initial qu’un mensonge attendu dans le cadre d’un spectacle (le mensonge innocent) n’est pas forcément le seul qui vaille. S’entremêlent alors les notions de pieux mensonges, et de mensonges officieux, ajoutant une complexité inattendue à la thèse initiale qui voudrait définir le seuil de torsion de la vérité qui est acceptable.
Le film interroge, fascine, et démontre avec réussite la teneur de la vie d’un homme dédié à sa cause, mais se heurtant à moultes ornières philosophiques et éthiques. Un objet passionnant qui pêche malheureusement par sa forme, très à l'américaine, qui passe de révélations chocs à interviews face caméra dans un show malvenu.
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