Bienvenue dans la jungle amazonienne où la végétation luxuriante n'a pour but que de cacher les monstres qu'elle nourrit, monstres qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Anaconda, le prédateur a le mérite - on ne l'espérait plus - de s'écarter du schéma imposé depuis Les Dents de la mer pour proposer une réflexion sur le pouvoir que tire l'homme de la nature qu'il exploite avidement. L' anthropologue et son équipe sont confrontés à un braconnier fasciné par les serpents et par la gloire que les plus gros spécimens peuvent garantir, trouvent en somme un monstre bien plus inquiétant que l'anaconda qu'ils traquent délibérément ; pourtant, ils ne semblent guère plus professionnels que cet individu, superficiels et gorgés d'ethnocentrisme. Deux couples flirtent, un homme joue au golf. La découverte finale du peuple ne dure que quelques instants, laissant présager la même exploitation des hôtes venus au secours des naufragés comme ce fut le cas quelques jours auparavant lorsque Jon Voight appelait à l'aide. Le propos se double d'une mise en scène efficace quoique brutale dans la première partie ; la réalisation de Llosa consacre les prédateurs par des plans iconiques non sur-découpés rendant les scènes d'action lisibles. Les effets visuels sont d'une qualité incroyable : le serpent terrifie par son animation plus vraie que nature, rythmée par la belle composition musicale de Randy Edelman. Les acteurs livrent de bonnes prestations avec, en tête, le délicieusement horrible Jon Voight dont le clin d'œil final amuse autant qu'il glace d'effroi. Anaconda, le prédateur s'avère être un très bon film, honnête et trépidant, à l'atmosphère poisseuse et étouffante.