Suite à la faillite de leur studio en pleine production de Poucelina, de Youbi le petit pingouin et du Lutin magique (qui seront achevés grâce à des fonds extérieurs et qui connaitront chacun un échec cuisant), Don Bluth et Gary Goldman fondent Fox Animation Studios, afin de concurrencer Disney sur son propre terrain.
Seul véritable succès commercial d'un studio éphémère qui fermera suite au bide monumental du Titan A.E. de Bluth et Goldman, Anastasia prend appui sur la légende tournant autour de l'héritière des Romanov, pour mieux proposer un immense spectacle familial digne des grandes heures du studio concurrent aux grandes oreilles.
Bourré à ras-bord de bons sentiments et de chansons grandiloquentes, se torchant royalement avec l'histoire au profit d'un certain manichéisme et d'un récit apte à faire rêver les petites filles du monde entier, Anastasia a effectivement tout du divertissement disneyien le plus propre et inoffensif, fait pour exploser le box-office et si possible, récolter des statuettes.
Une sorte de renoncement de la part d'un génie comme Don Bluth, qui s'était, par le passé, efforcé de proposer une alternative à ce genre de productions, avait offert des oeuvres certes commerciales mais surtout humaines et intelligentes, parlant avant tout de notre monde et de notre histoire. Pour la première fois, le cinéaste et son complice Gary Goldman font le choix d'un univers plus terre à terre, plus clinquant, mais, passés les codes obligés, franchement sympathique.
Nantie d'un budget confortable de 50 millions de dollars (mais qui sera battu par les 75 millions de Titan A.E.), Anastasia est une production ambitieuse, presque luxueuse et, il faut bien le reconnaître, chaque dollar se voit à l'écran. L'équipe de Bluth et Goldman fait des merveilles, donnant lieu à des images d'une beauté à couper le souffle, mariant habilement animation traditionnelle et éléments en 3D.
Superbement réalisé, Anastasia compense donc son lourd cahier des charges par une tenue formelle tout simplement sublime, jouant magistralement avec les textures et les couleurs, pour un divertissement grand public certes extrêmement calibré mais tonique, parfois très sombre, et agréable à suivre.