Une Éducation malade

Le hasard fait parfois bien les choses : juste après le visionnage du médiocre La salle des profs, film allemand réalisé par le cinéaste d’origine turque İlker Çatak, m’est donné à découvrir Anatolia, film turc de Ferit Karahan se déroulant aussi à l’école. Si le premier jouit d’un succès immérité le second souffre d’une injuste indifférence.

Alors que La salle des profs s’inspire clairement du scandinave dogme95, Anatolia regarde plutôt vers le cinéma moyen-oriental de Abbas Kiarostami. Avec comme protagonistes des enfants, abordant des thèmes comme l’ordre, la liberté individuelle, la justice sociale, disposant de moyens plus que limités, il rappelle le très beau Où est la maison de mon ami. On y retrouve cette éducation à l’ancienne, disparue et oubliée dans nos terres « progressistes », à la fois stricte et bienveillante, dans une structure toutefois déficiente, faute de moyens d’un côté, par excès de laisser-aller et d’individualisme des dirigeants de l’autre. Quant à eux, les enfants, malgré une part irréductible de méchanceté, sont humains et éprouvent un sentiment de culpabilité qui les mènent à faire preuve de solidarité dans les moments importants.

À partir d’un scénario simple mais d’une justesse implacable, Ferit Karahan déroule les faits qui se succèdent par une relation de causalité où sont convoqués tous les acteurs et où confluent tous les symptômes d’un système scolaire – et indirectement politique – malade, si bien que l’histoire individuelle de l’enfant mourant revêt une portée allégorique – rejoignant ainsi, encore une fois, le cinéma de Kiarostami.