Que veut dire juger ?

Anatomie d'une chute raconte l'histoire d'un couple qui vit avec leur enfant aveugle dans un chalet isolé. Le mari meurt dans des circonstances mystérieuses et le film suivra le déroulé de l'enquête puis du procès.

Dès le début, le film nous annonce par le billait de l'avocat de Sandra, que la justice est un appareil qui ne cherche pas tant la vérité qu'à être convaincu. Dans un tribunal, l'important n'est pas ce que les choses sont, mais ce qu'elles ont l'air d'être pour les autres. Ce premier constat s'impose rapidement suite aux plaidoiries successives de l'accusation et de la défense qui mêlent faits, déductions, appels aux experts, spéculations et mauvaise foie. Mais à force de déclarations et de reconstitutions, une deuxième question est soigneusement modelée par le film. Comment accéder à la vérité, quand elle ne cesse de nous échapper ? Très vite les témoignages se contredisent, les mémoires s'embrument, les faits sont toujours probables, jamais véritablement certains.

Ayant déjà écouté une critique du film avant d'aller le voir, je m'attendais à ce qu'il aborde les questions de la vérité et de la justice, plus surprenant est l'aspect profondément touchant du film. En suivant méticuleusement toutes les étapes du procès, Justine Triet donne à voir comment face à une béance horrifique ( as-t-elle tué son mari ? s'est-t-il suicidé ?), chacun construit une vérité, se persuade et essaye de persuader les autres pour pouvoir se recomposer. Face au tragique et à l'incertitude, chacun doit décider de la vérité.