Kyril était moine. Kyril avait un chien.
Lorsque Kyril s'enfuit du monastère, son chien, plein de confiance, voulut suivre son maître. Et ce maître abattit l'animal fidèle. A coups de bâton.
Andreï était moine, lui aussi, et peintre de grand talent. Le plus grand peintre d'icônes, dit-on, de l'Histoire de la Sainte Russie. Il croyait en l'Art, il croyait en l'Homme, et il croyait en Dieu. Mais les hommes ne sont que des hommes, et certains sont (même au nom de Dieu), d'une cruauté sans partage. Et Dieu, lui, semble détourner les yeux de cette violence.
Dieu n'abattit pas le confiant, le fidèle Andreï. Il le laissa vivre dans ce monde d'atrocités. Il le laissa assister au massacre de païens par de (bons) soldats chrétiens. Il le laissa assister au massacre de paroissiens au sein même de son église. Il le laissa assister à la destruction de ses oeuvres. Il le laissa tuer un homme.
Et Andreï perdit la Foi. En Dieu, en l'Homme, et en l'Art.
Andreï cessa de parler. Et de peindre.
Jusqu'au jour où...
Andreï Roublev est un film magnifique. Un film paradoxal. Un film en noir et blanc contant la nuit spirituelle, et la renaissance d'un artiste spécialiste des peintures dorées et des couleurs vives. Un film contant la vie d'un peintre que l'on ne voit jamais peindre. Un film sur le désespoir et l'Espérance, cette "petite fille Espérance" sans laquelle la Foi n'est rien, et qui renaît dans le coeur et l'âme d'Andreï par le son d'une cloche miraculeuse.