Andrei Roublev est un film narrant de façon romancée l'histoire du peintre d'icônes russe éponyme qui vivait au Moyen Âge. Il s'agit donc ici de ce qu'on pourrait aujourd'hui appeler un biopic. Mais contrairement à la plupart des films centrés sur des personnages ayant réellement existé, comme Bohemian Rhapsody, ici, il est clair qu'Andrei Roublev a trépassé il y a longtemps, qu'il n'a pas de proches encore vivants et qu'on sait très peu en réalité de sa vie.
Du coup, on évite de tomber dans l'exposé lisse de bon élève que nous font beaucoup de films du genre en ne faisant qu'un bête listing de tous les événements de la vie de la personne sans aucun intérêt artistique. Ici, Tarkovsky, bien que plaçant son histoire dans un cadre réaliste, ne limite pas sa créativité à ce même réalisme justement. Tarkovsky se sert du cas d'Andrei Roublev comme symbole de l'artiste en général.
Un artiste en proie au doute face à la violence du monde dans lequel il vit, violence qu'il a peur de transposer dans son art (comme nous le montre l'épisode de l'été 1408 dans lequel il renonce à représenter le jugement dernier par peur d'effrayer les gens), et qui finit par comprendre que l'homme a justement besoin de l'art dans ses temps troubles, tel un effet placebo. Artiste dont l'âme finit donc immortalisée dans son œuvre – ses icônes –, seul passage en couleurs du film.