Anesthesia
6.1
Anesthesia

Film de Tim Blake Nelson (2015)

J'ai décidé de regarder ce petit film indépendant que personne ne connait grâce à un casting intriguant et intelligent, avec en tête de gondole Kristen Stewart sur laquelle nous reviendrons - très chastement. Anesthesia porte bien son nom, car cette anesthésie, symbole d'un entre-deux constant, est un parfait résumé du film, qui voit se succéder des âmes tourmentées par le monde qui les entoure, et plus particulièrement l'humanité qui en découle. Tim Blake Nelson filme des vies dont les certitudes s'étiolent petit à petit. A travers cette mort au cœur de toutes ces histoires, il filme la vie et ses batailles.


Anesthesia est l'assassinat d'un professeur sur le seuil d'une porte, qui souhaitait simplement acheter des fleurs à son épouse et qui s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce professeur, dont on voit les dernières heures durant tout le film et à quel point sa vision humaniste et bienveillante a ébloui son entourage, a fait une mauvaise rencontre mais est resté lui-même envers et contre tout. Anesthesia raconte des destins croisés, celui d'un couple qui se fissure, celui d'une jeune femme déconnectée des autres jeunes de son âge qui se mutile pour se prouver qu'elle existe. Celui de deux jeunes, paumés au sortir de l'adolescence, et bien d'autres personnages qui ont tous un point en commun : ils sont en transition. Tous sur le quai d'une gare, à attendre le train d'un avenir qu'ils espèrent contrôler. Et peut-être se rendre compte qu'il ne passera jamais vraiment et qu'il faudra s'en accommoder...


Et bien que ces histoires soient totalement inégales et diluées dans un rythme qui se ramollit en plein milieu du métrage, elles n'en sont pas moins uniques par leur approche, celle de ce vieil homme qui souhaitait prendre sa retraite et commencer enfin sa vie de liberté. Cette mort, bouleversante car terriblement injuste, met en perspective toutes ces existences et nous assure, peut-être naïvement, que tout le monde a le droit d'être regardé de la plus belle des manières, malgré les erreurs et les masques pour cacher nos blessures. Si je souhaitais être touché par Kristen Stewart, et je le fus, sa détresse est communicative, je suis tout autant piqué par ce film, simple, émouvant et pudique.

EvyNadler

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