Le site est en ligne, vous pouvez désormais revenir à vos activités habituelles. On vous remercie pour votre patience et votre soutien !
(Il est encore possible que le site rencontre quelques problèmes de performance)

oct 2009:

Chusei Sone est un cinéaste esthète, dont l'oeil fourmille d'idées et participe à l'élaboration de plans pensés, riches et habiles. C'est déjà un acquis quand on voit apparaitre son nom au générique : on sait qu'il y aura forcément un langage filmique élaboré, une manière de filmer conçue pour signifier. Parfois il peut se laisser aller à la facilité, comme ce plan de nuit, sous la pluie, où Yûki Mizuhara attend en vain Keizô Kani'e. Quand on attend quelqu'un qui ne vient pas, est-il obligatoire qu'il fasse nuit et qu'il pleuve? Sinon le cinémascope est très agréablement utilisé. L'oeil est charmé à maintes reprises.

Mais là ne réside pas l'essentiel du film. C'est bien d'avantage dans cette histoire d'amour impossible entre les deux personnages. Lui, Keizô Kani'e, patron de magazines érotiques trashs, blasé par son boulot, s'illumine enfin à la vue d'une jeune femme dans un pinku eiga. Il part à sa recherche et la trouve à l'accueil d'un hôtel. Elle, Yûki Mizuhara, se révèle être en proie à une nymphomanie dévalorisante et autodestructrice. Cette idylle naissante pourrait constituer une bouée de sauvetage mais Keizô Kani'e arrêté pour détournement de mineur disparait de sa vie. Trois ans passent et il la retrouve prostituée. On assiste à la descente aux enfers de ces deux êtres abîmés. Elle, dans une sexualité débridée, culpabilisante et mortifère, lui, dans une passion tout aussi destructrice et aveuglante. Ce sont ces portraits communs, parallèles, puis qui se réjoignent que Sone met en scène de manière efficace.

Le film manque un peu de rythme mais pas d'idées de mise en scène : les miroirs déformants, les regards croisés qui en disent long. Au final, avec des acteurs formidables, sauf peut-être Ryoichi Kusanagi qui en fait toujours des tonnes, Sone construit un mélodrame très noir où la sexualité joue un rôle très important de catalyseur du mal-être. Les deux personnages souffrent d'une estime de soi considérablement amoindrie. Leurs corps, leurs pulsions polarisent cette douleur, cette inadéquation à la vie urbaine et dense de la vie japonaise.

Un film gris et noir, triste, avec des espoirs sans cesse déçus.
Alligator
6
Écrit par

Créée

le 23 mars 2013

Critique lue 399 fois

Alligator

Écrit par

Critique lue 399 fois

D'autres avis sur Angel Guts: Red Classroom

Angel Guts: Red Classroom
TeryA
7

Le meilleur de la série

Une excellente surprise par l’intelligence de la forme et du fond. La présentation du monde des films pornographiques est fine : réalisateur regardant un autre « film », film sur tournage expéditif...

le 22 juin 2021

1 j'aime

Angel Guts: Red Classroom
Alligator
6

Critique de Angel Guts: Red Classroom par Alligator

oct 2009: Chusei Sone est un cinéaste esthète, dont l'oeil fourmille d'idées et participe à l'élaboration de plans pensés, riches et habiles. C'est déjà un acquis quand on voit apparaitre son nom au...

le 23 mars 2013

Angel Guts: Red Classroom
IllitchD
6

Critique de Angel Guts: Red Classroom par IllitchD

Angel Guts : Red Classroom est déprimant. Pas jusqu’à ce mettre la corde au cou, cela va de soit, mais l’on sort de la projection déprimé surtout lessivé. La souffrance de cette femme, Nami, sa...

le 18 oct. 2012

2

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16