Après le succès de Persepolis, Vincent Paronnaud revient à la réalisation avec Dans la Forêt Sombre et Mystérieuse, une adaptation audacieuse de la bande dessinée de Winshluss. Ce film, porté par une touche onirique et un humour décalé, nous plonge dans le monde de l’enfance, de ses peurs et de ses rêves.
Un récit d’aventure teinté de fantastique
L’histoire suit Angelo, un garçon de 10 ans rêvant d’aventures et de mystères, qui se retrouve accidentellement abandonné sur une aire d’autoroute. Pour rejoindre sa grand-mère malade, il choisit de traverser une forêt mystérieuse, peuplée de créatures étranges et de dangers bien plus réels qu’il ne l’imaginait. La forêt devient alors une métaphore du passage à l’âge adulte, un territoire inconnu où l’innocence se heurte aux terreurs du monde réel.
Le film se distingue par sa capacité à capturer l’essence du point de vue d’un enfant, où l’imaginaire et le réel se confondent sans cesse. Angelo, qui croit encore aux contes et aux légendes, est confronté à une réalité bien plus complexe et menaçante, ce qui ajoute une dimension émotionnelle forte à son périple.
Un univers visuel riche et saisissant
L’adaptation de Paronnaud, fidèle à la bande dessinée, propose un univers visuel frappant et singulier. Les décors, aussi oniriques qu’inquiétants, sont magnifiquement réalisés. La forêt, à la fois majestueuse et menaçante, est filmée avec une grande sensibilité, créant une atmosphère unique où l’on perçoit les deux faces du monde : celle de l’enfance, pleine de magie et de curiosité, et celle de la peur, souvent irrationnelle et accablante.
La direction artistique, colorée et contrastée, fait écho à l’univers graphique de Winshluss, tout en apportant une nouvelle dimension cinématographique qui capture la beauté du fantastique. Le film oscille entre un style visuel presque naïf et des scènes de plus en plus tendues et angoissantes, créant un équilibre subtil entre l’aventure enfantine et l’horreur qui plane sur le récit.
Des personnages attachants et décalés
L’un des atouts majeurs du film réside dans la richesse de ses personnages. Angelo, interprété par un jeune acteur talentueux, est le cœur du film. Sa naïveté et sa détermination à affronter les épreuves qui se dressent devant lui créent une empathie immédiate. À ses côtés, les personnages secondaires, incarnés par Yolande Moreau, Philippe Katerine et José Garcia, ajoutent de la profondeur et de l'humour au film. Les adultes jouent un rôle étrange dans cette histoire, à la fois protecteurs et incohérents, symbolisant les différentes facettes de l'univers adulte qui échappent à l’enfant.
José Garcia, en particulier, brille dans un rôle de créature étrange qui, tout en étant un antagoniste menaçant, conserve une touche d'absurde et d’humour noir. Ce mélange de comédie et de fantastique est l’une des marques de fabrique du film.
Un voyage entre le réel et l’imaginaire
Dans la Forêt Sombre et Mystérieuse est avant tout un film sur l’imaginaire et la capacité des enfants à créer des mondes parallèles pour affronter leurs peurs. La forêt devient le lieu où les limites entre le réel et l’imaginaire sont floues, un lieu où l’enfant se confronte à des dangers réels (les créatures qui peuplent la forêt) et à des peurs intérieures (l'ogre, la solitude, la responsabilité).
C’est aussi un film sur l’initiation, sur le passage de l’enfance à l’adolescence. À travers cette aventure, Angelo apprend à faire face à ses propres angoisses et à comprendre les véritables enjeux du monde adulte, souvent plus cruels et plus complexes qu’il ne l’avait imaginé.