Dans les années 80, Jackie Chan créé sa propre société de production cinématographique, la Golden Way Films, pas seulement pour produire ses propres films, mais également pour des d’autres projets. Elle a été active du milieu des années 80 jusqu’au début des années 90 et, sortis des films de Jackie lui-même, on y retrouve des bobines telles que Naughty Boys (1986), Rouge (1988), The Inspector Wears Skirts (1988), Stage Door Johnny (1990), Center Stage (1992) ou encore le film qui nous intéresse aujourd’hui, Angry Ranger (1991). Ce Angry Ranger est, sur le papier assez étrange, dans le sens où il est réalisé par Johnny Wang, ancienne star de la Shaw Brothers passée à la réalisation et qui a la réputation de mettre en boite des films très violents (Hong Kong Godfather, Bloody Brotherhood), et produit donc par Jackie Chan qui s’est toujours efforcé de faire, à quelques rares exceptions près, des films souvent familiaux, ou tout du moins bon enfant. Le film est d’ailleurs un échec cuisant au box-office, n’arrivant même pas à atteindre le million de dollars hongkongais de recettes. A quoi la faute ? C’est la bonne question. Pas aux scènes d’action en tout cas qui sont clairement une des grandes forces de Angry Ranger.


Angry Ranger va mettre en scène Ben Lam, membre officiel de la Jackie Chan Stunt Team, dans un des rares films où il tient le rôle principal. Acteur souvent sous-exploité dont les compétences martiales sont assez hallucinantes, Ben Lam manque malgré tout de charisme et a un physique clairement un peu passe-partout. Pourtant, il s’en sort plutôt bien dans ce personnage endurci par son séjour en prison, revanchard, un peu provocateur même. Le scénario ne s’écarte pas d’un iota de la formule éculée, avec deux triade qui sont divisés en deux catégories, une bonne avec des gens qui ont un sens de l’honneur, et une mauvaise qui sont des crapules sans aucun scrupule prêt à planter le premier venu sans crier gare. Et donc au milieu de tout ça, on a le personnage de Ben Lam, son meilleur ami, et une demoiselle en semi-détresse avec qui, bien entendu, Lam va s’emmouracher alors qu’elle « appartient » au chef de la méchante triade. Il a souvent été reproché à Angry Ranger d’avoir un scénario tenant sur un timbre-poste et on ne peut pas donner tort à ces accusations. On sent que le film a d’abord été pensé pour ses scènes d’action et qu’ils ont brodé autour. Du coup, il est vrai que le film est pas mal rempli de scènes qui ne servent justement qu’à remplir et qui ne servent surtout à rien (la scène de danse, certains plans d’exposition bien trop longs, …), ou alors juste à amener la scène de fight suivante. Au final, ça ne raconte pas grand-chose et ça se permet même de verser dans le très mauvais goût comme en témoigne cette scène complètement gratuite où de vraies grenouilles sont piétinées à mort parce que vous comprenez, on est de vrais méchants membres de triades.


Les combats sont à l’image de ce qu’est le film sur le papier, à savoir un mix entre le pur style Jackie Chan, avec des cascades, de la destruction et/ou utilisation du décor, et la brutalité des films de Johnny Wang, avec de la violence, du sang, et même un gosse de 12 ou 13 ans maltraité. Ces combats brutaux, secs, nerveux, sont vraiment très fluides. Certains cascadeurs en prennent vraiment plein la tête et on se demande comment certains n’ont pas tout simplement fini à l’hôpital, voire au cimetière. Ils sont balancés sur des tables, des murs, du béton, à travers des vitres, dans le vide, et certains finiront même en torche humaine lors du final. Dans la 2ème moitié du film, c’est un concentré d’action avec pas deux minutes qui ne passent sans qu’un combat brutal et plein de rage ne se pointe. Ben Lam est d’ailleurs très impressionnant. Ses mouvements fluides et l’impact des coups qu’il porte sont extrêmement plaisants à voir. Son combat contre Cheung Kwok-Wah dans la ruelle, dans lequel divers styles vont s’entremêler, est un vrai régal pour les amateurs de films de castagne de Hong Kong. Le rythme d’Angry Ranger est une montée en puissance couplée à une escalade de violence, accompagné par une bande son hard rock assez inhabituelle pour cette période-là dans le cinéma de Hong Kong. Dommage que la mise en scène soit au final assez quelconque, bien que parfois Angry Ranger soit visuellement intéressant avec un joli travail sur les couleurs via de nombreux néons.


Si vous aimez la bonne baston comme le cinéma de Hong Kong des années 80/90 en avait le secret, alors Angry Ranger est fait pour vous car la Jackie Chan Stunt Team fait des merveilles. Mais il faudra passer outre un scénario indigent et de nombreuses scènes inutiles.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-angry-ranger-de-johnny-wang-1991/


cherycok
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le 23 nov. 2011

Modifiée

le 22 août 2024

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