Animal Kingdom est toujours aussi bien au troisième visionnage !
Un jeune garçon effacé, dont la mère vient de succomber à une overdose va vivre chez sa grand-mère et ses oncles. On ne parle pas ici d'une famille comme les autres, mais une famille de criminels et ils sont tous activement recherchés par une police sans pitié. On découvre dans ce cadre sous pression, un jeune garçon sensible et touchant, à travers la confrontation de sa personnalité et celle du ténébreux "Pope" (Ben Mendelsohn, excellent). Celui-ci n'hésitera pas à mettre en danger son neveu et ses frères pour une vengeance désuète ou pour éviter la prison. Manipulateur, entre génie et abrutit fini, il participe à la destruction de cette famille de monstres qui s'aiment malgré tout, notre jeune héros, quant à lui, assiste mutique à l'opéra tragique qui se déroule sous ses yeux. L'étau semble se resserrer jusqu'au point de rupture ou le jeune Cody devra choisir entre les siens et sa morale, dilemme cornélien pour celui qui cherche une attache, à 17 ans, en vain, dans le Melbourne violent des années 80.
Au royaume des animaux, le darwinisme est impitoyable, il est violent, social, émouvant, et on semble assister impuissants au naufrage d'une famille de cas sociaux. De la matriarche machiavélique et tordue (Jacki Weaver, qui insiste pour embrasser ses enfants et petits-enfants sur la bouche) au jeune agneau mutique joué par James Frecheville, le casting est impeccable; la mise en scène très crue, contraste merveilleusement avec la pudeur de ces animaux blessés qui se débattent une dernière fois avant d'expirer.