Ace Plagiera

Regarder un film avec Rob Schneider en se disant que ça va être drôle, c’est comme manger de la merde en barre en se persuadant que c’est un Milky Way. Parmi les rares longs-métrages où il ne tient pas la chandelle (ils se comptent sur les doigts d’une main de lépreux), il y a cet Animal ! L’Animal… au titre français ravageur, annonciateur de la bouse extrême sortie à une époque où nos distributeurs n’avaient peur de rien. Se sentant pousser des ailes après une décennie en tant que sidekick pesant et l’improbable succès de Deuce Gigalow, Schneider réitère l’expérience, co-écrit le machin et le file à un débutant pour un budget de presque 50 millions de dollars (même Sherlock Holmes ne peut pas découvrir où sont partis tous ces billets).

Partant sur un postulat qu’on l’on croirait éculé mais qui reste finalement assez original, le scénario suit un loser comme on en fait plus qui devient un super-flic après qu’un savant fou lui ai injecté des « morceaux d’animaux » divers et variés. Ça casse pas trois pattes à un canard mais ça peut rester fendard, Jim Carrey ayant déjà plus ou moins tâté le terrain quelques années auparavant. Notre héros gaffeur, Marvin, peut désormais courir plus vite qu’un cheval, trouver de la drogue dans le cul d’un passager suspect, aboyer sur des latinos qui trainaient dans la rue, sauver le fils d’un aristo comme une otarie et brancher une vétérinaire sexy.

Au programme donc : des situations lourdingues par vingtaines, un humour très gras et bien entendu un concours de grimaces façon Rob Schneider, rugissements d’animaux en renforts. Reste la présence de Guy Torry (bien loin de son rôle dans American History X), unique réel point drôle du film en pote persuadé qu’on lui fait constamment du racisme inversé parce qu’il est black. C’est marrant mais c’est pas le sujet du film. Bref, avec sa mise en scène de DTV, son humour pas très recherché et un Rob Schneider en grande forme (ce qui n’est pas un gage de qualité) qui tente de faire un Ace Ventura du pauvre, Animal ! L’Animal… n’est jamais drôle, presque gênant, même avec une bière à la main ou avec la présence de substances psychotropes, c’est dire.