Un immense coup de coeur et découverte d'un cinéaste que je connaissais juste de réputation ! ce film documentaire tourné clandestinement par Nikita Mikhalkov, qui, sur le même principe que Boyhood sortit l’année dernière (suivre la transformation physique et psychologique d’une personne sur une douzaine d’année et faire du temps qui passe la force du récit), explose cinématographiquement son faux-jumeaux par sa capacité à saisir 1) la période troublante et animée de son pays – la Russie, et 2) les humeurs, le regard, l’évolution, les avis et les doutes de sa fille Anna autour de la maison familiale. De 1980 à 1993 à raison d’une bobine par année, il va soumettre sa fille a cinq questions identiques qu’il lui répétera à ses différents âges : on voit donc la mentalité de la petite Anna évoluer sous nos yeux. Ses tranches de vie sont portées par un montage ingénieux et dynamique, très souvent entrecoupé d’images d’archives et de l’actualité.
Les cinq dernières minutes sont d’une densité émotionnelle sidérante : rarement le cinéma aura autant inscrit sur pellicule les sentiments de perte et le passage à la vie d’adulte, reléguant l’innocence, la spontanéité et la pureté de l’enfance à de lointains souvenirs et à une époque révolue. Dans ses dernières images, Mikhalkov nous rappelle que le temps balaye tout sur son passage et que seul le septième art, avec les dispositifs du montage, nous permet de voir les conséquences que cela inflige à un être humain, mais surtout, d’en faire l’expérience ! A part Urga et Le Barbier de Sibérie découvert il y a très longtemps, je n’avais pas vu grand chose de ce cinéaste russe … Ce Anna : 6 – 18 donne envie d’en voir beaucoup plus !