Ce film m' a confirmé le talent de cette actrice que je suis depuis quelques mois maintenant: Isabelle Carré, merveilleuse jusque dans la folie, jamais fausse, toujours envoûtante bref une actrice qui pourrait en réconcilier plus d'un avec le cinéma français trop souvent boudé. Elle sait parfaitement être à la fois un personnage tout en gardant une distance nécessaire qui l'ôte de tout pathétisme bien inutile.
Dans ce film elle est particulièrement merveilleuse mais c'est aussi parce que le film lui-même lui offre la possibilité de s'exprimer à travers un scénario rondement mené et une mise en scène bien agencée (malgré les pseudo sous titre venant annoncé des "scènes" dans le film et souvent illustratif de manière grossière tel "La haine" on aurait envie de répondre "merci, le spectateur n'est pas débile, il comprend ce qu'il voit et dès lors une petite voix résonne dans ma tête "show don't tell, c'est histoire de faire une critique au film, quand quelque chose réussit partout on commence à chercher la p'tite bête ^^).
Bref, de la première scène où Isabelle Carré manipule scalpel et autres instruments nécessaires à son travail à la dernière scène où on la retrouve ni tout à fait guérit, ni complètement folle en pleine lumière en haut d'une colline, on a assisté à une traque magistral, un personnage angoissant qui comme la lumière de l'hôtel ou elle se réfugiera, vacille entre deux constances comme dans cette excellente scène où elle réussie à faire croire au médecin qu'elle est guérie...puis tout à coup elle rebascule pour finir par être "sauvée" par sa collègue peut être encore plus atteinte qu'elle ne l'est elle-même...
Au rythme d'un cantique qui change de sens au fil de l'évolution du personnage et d'un tableau qui parcours le film tel un motif récurrent (une femme étrangement peinte au centre d'un tableau dont on ne sait pas bien ce que le peintre a voulu faire d'elle), le film se déroule sous nos yeux, la caméra file, s'arrête, redémarre mais ne juge jamais son personnage laissant bon soin jusqu'à la fin (qui ne nous donne pas de réponse toute faite..à nous de voir) au spectateur d'être avec ou contre Anna M aussi mystérieuse que cet initial surement venu du nom de sa mère (ou de son père ? aussi invisible que la maladie qui s'empare d'Anna^^) tantôt malade, tantôt bourreau mais toujours loin de comprendre sa fille ... qui la comprends vraiment au fond ? Le réalisateur bien sur qui, sans maîtriser complètement son personnage, qui lui échappe par le jeu éminemment pur mais à la fois complexe d'Isabelle Carré, sait se placer à la bonne distance d'une folie aussi destructrice qu'époustouflante ...