Anne Boleyn par Alligator
Il faut de tout pour faire un monde, même un Lubitsch qui ne me plait pas. J'en aurais vu au moins un dans ma vie. C'est fait. Celui-là ne fait pas dans la demie mesure, il marque bien, au fer rouge. La vache!
Cette Anna Boleyn constitue pour moi dans la filmographie magique du cinéaste un mystère synonyme de souffrance telle que ce fut un profond soulagement quand le film s'est terminé. Que j'avais hâte qu'on lui coupe la tête!
Dès les premières minutes, la comédienne Henny Porten m'est apparue comme antipathique. Sans charme, je me demandais bien ce que pouvait lui trouver son Henry Norris et Henry VIII. Je donnai ma langue au chat sur cet aspect. Sortilège des modes et piège des tendances. Quand le vent tourne, ce sont tous les sens qui sont tourneboulés. Soit.
Mais bien vite l'indifférence laissait place à une certaine gêne, puis à une franche irritation devant le personnage d'Anna Boleyn et ses simagrées, toujours subissant les évènements. Une femme ballotée, esclave du monde oppressant qui l'entoure, n'a pourtant rien à voir avec l'image flamboyante, vive et solide de la femme lubitschienne.
Le mystère sur ce film s'épaissit au fur et à mesure que mon exaspération monte à l'égard de ce personnage tout en gémissements, plaintes et main sur le front pâlissant. C'est d'un chiant! Des envies de meurtre vous montent à la gorge. Le palpitant est mis à rude épreuve, croyez-moi. Surtout que la comédienne n'économise aucun effet mélodramatique et en rajoute quinze tonnes. Quand Emil Jannings (Henri VIII) apprend qu'il n'a pas un descendant mais une fille pour bébé, il se mêle de jouer les mêmes effarouchées. A ce moment là, ma paupière gauche s'est mise à cligner sans raison. J'ai pris le couteau sans m'en rendre vraiment compte m'sieur le juge. C'est pas ma faute m'sieur le juge.