Une autre pépite de Richard Williams ("Roger Rabbit", "Le Voleur et le Cordonnier" et d'autres), toujours avec Art Babbitt dans un coin, cette fois-ci à l'animation du chameau. Et encore une fois, Richard Williams ne devait pas bien saisir le budget nécessaire à mettre en oeuvre ni où aller mais s'acharne à enchaîner les moments de bravoure d'animation. Une bonne moitié de l'équipe est faite de petits jeunes inexpérimentés et ça se sent. Je ne sais pas si c'est un choix délibéré mais la colorisation minimale et fadasse fait très mal et les décors sont clairement torchés assez souvent, voire inexistants.

Il n'y a pas d'histoire ou presque non plus. A la rescousse de la poupée française évadée devient La petite balade au pays des délires. C'est tout mimi sur l'amitié entre les jouets. Tout n'est que prétexte au délirant et à chanter. Ah oui, les chansons, autres points à surmonter, ça n'arrête pas, il y en a beaucoup trop, c'est indécent, il n'y a que ça presque.

Mais c'est génial quand même, délirant pour les fans d'animation et l'histoire a ses bons moments. L'autre moitié de l'équipe est faite d'animateurs chevronnés de classiques Disney tout de même. Le film mêle aussi brièvement réel et animé au début et à la fin avec un certain brio par un simple fondu enchaîné. Le plot de Toy Story est exposé au poil près et part en vrille d'animation tout de suite. Les musiques de Joe Raposo, compositeur sur "Rue Sésame" sont clairement toutes excellentes (hors prise en compte de leur saveur bisounours). Elles restent en tête longtemps et ont traumatisé toute une génération de jeunes américains 80's.

Vous connaissez forcément la poupée Raggedy Ann au moins de visu, avec ses cheveux en laine rouge, poupée bon marché très loin du jouet de luxe, raggedy signifiant sale, débraillé, rapiécé. Elle et son frère Andy croisent une flopée de personnages resucés ici et là :
- un roi minuscule qui gonfle s'il rit assez fort, accompagné d'une sorte de Don Quichotte farceur engoncé dans une armure de Tin Man.
- un chameau aux genoux vrillés pris d'hallucinations et d'un ardent désir de retrouver les siens qu'il voit triper dans le ciel
- un vieux petit pirate teigneux moustachu et roux qui kidnappe d'amour Babette, une belle poupée française guindée à l'accent à couper au couteau
- Et parmi tant d'autres une chose informe, un Blob de nourriture, qui se répand au sol lors d'un passage éreintant.

Sous son allure faussement mignonne se cachent des monceaux de dégoulinures d'animation pondus par des esprits retors et une belle palette de doubleurs motivés, un peu trop d'ailleurs... Moins facile à avaler que "Le voleur et le cordonnier" donc, il demeure du beau travail d'animation en stock.

Un Disney sous psychotrope en somme.

Si vous vous sentez d'attaque :
http://youtu.be/vQXlAi_-nW4
(Restauration inespérée, c'est le même uploader que Le voleur et le cordonnier.)
drélium
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste °Chroniques de pépites

Créée

le 7 janv. 2013

Critique lue 494 fois

5 j'aime

2 commentaires

drélium

Écrit par

Critique lue 494 fois

5
2

D'autres avis sur Anne et Andy

Anne et Andy
Casse-Bonbon
7

Les jours de pluies, mes jouets sont vivants

Le concept scénaristique de Toy Story n’a rien de nouveau, Anne et Andy donnait déjà vie aux jouets en 1977. Le film est une adaptation d’une série de livres pour enfants de Johnny Gruelle, qui...

le 29 juil. 2022

Du même critique

Edge of Tomorrow
drélium
7

Cruise of War

Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...

le 23 juin 2014

202 j'aime

31

World War Z
drélium
2

Brade pire.

Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...

le 5 juil. 2013

180 j'aime

66

Requiem pour un massacre
drélium
10

Va et regarde la guerre

Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...

le 27 avr. 2011

175 j'aime

18