Que c'est compliqué pour moi de dire si j'ai aimé ce film que j'attendais depuis tant d'années, à propos duquel je postais un statut tous les quatre matins, tant la déception et l'affliction se sont mêlées à l'émotion et la jubilation.
Le démarrage fut rude, pour le moins, tant je ne retrouvais ni mes Sparks ni mon Carax dans cette juxtaposition de scènes qui ne semblaient que prétexte à morceaux de bravoure. Et puis impossible de croire une seconde à cette romance naissante, à ces deux êtres artificiels au possible et détestables.
Puis soudain LE moment, celui où Carax signale au spectateur qu'il est comme toujours là pour faire cinéma, pour déclarer sa flamme à l'art qui lui seul peut nous obliger à croire en l'incroyable. Quand Annette apparait tout fait sens, rien de ce qui ne nous a été montré jusqu'ici n'était fait pour paraître crédible, pas plus les clins d’œil appuyés à "Holy Motors" que Marion Cotillard en chanteuse d'opéra. Mais non messieurs dames, comme annoncé en ouverture on est dans un film et il ne s'agirait pas de l'oublier.
Donc puisque Marion sait mieux mourir que jouer la comédie, éjectons-la, faisons d'un être né (ou pas ?) de l'union du factice une poupée en numérique, appuyons le kitsch jusqu'à l'overdose. Du kitsch d'artiste ou de manipulateur ? Un film d'artiste ou de manipulateur ?
Rien que poser la question est avouer que Leos Driver a visé juste, puisque la manipulation à l'écran a contaminé la salle. Et c'est ça non faire du cinéma ? Faire de nous tous, qu'on soit devant ou derrière l'écran, des marionnettes...
NB : Je vais retourner voir "Annette" dans les prochains jours, pour vérifier si la dernière scène, celle qui m'a terrassé, existe réellement..