Incroyable de voir à quel point je me souvenais de chaque scène et chaque décor, presque 4 ans après le premier visionnage.
Un premier visionnage très particulier, oscillant entre une fascination visuelle permanente et des choix narratifs qui m'avaient un peu perdu. J'avais notamment eu du mal avec le gros virage scénaristique de milieu de récit, laissant place à une deuxième partie encore plus expérimentale et perchée. Mais surtout avec la représentation du bébé en marionnette, un choix certes significatif, mais véritablement déstabilisant pour le spectateur.
Ayant tous ces éléments en tête, il faut admettre que le long-métrage a clairement grandi en moi au second visionnage. C'est clair, Annette est un OVNI, une bizarrerie fondamentalement clivante et une rêverie profondément métaphorique, dont seul Leos Carax a le secret. Tel un compositeur d'opéra, le cinéaste réalise l'exploit de proposer une œuvre de 2h20 quasi-intégralement narrée musicalement, à travers la brillante composition musicale des Sparks. Un récit qui aborde pléthore de sujets, aussi passionnants qu'intrépides, même s'il a en effet tendance à un peu se perdre dans sa deuxième moitié.
L'ensemble est assez imparfait, mais ne cessera de nous surprendre par sa générosité visuelle et sa plastique absolument extraordinaire. Carax propose avec Annette **l'une des meilleures mises en scène qu'il m'ait été donné de voir au cinéma, avec une composition des cadres et des décors à tomber par terre. Certaines idées visuelles pourront paraître ratées (notamment plusieurs fondus vraiment kitsch), mais elles se retrouvent noyées dans une ambiance spectrale/hypnotisante**, et un nombre incalculable de plans qui scotchent purement et simplement la rétine.
Impossible de ne pas aborder le casting, avec le trio de tête Adam Driver - Marion Cotillard - Simon Helberg phénoménal, dans cet exercice pourtant si difficile. Pour citer quelques scènes qui sont devenues instantanément cultes à mes yeux, je peux mentionner l'introduction avec les Sparks (qui résonnait encore plus lors de la sortie du film, juste après la réouverture des salles pendant l'épidémie Covid), la chanson d'amour sur la moto, le bateau en plein orage, le plan circulaire autour du chef d'orchestre... et bien sûr, l'épilogue.
Bref, un énorme morceau, qui nécessitera sans doute encore bien d'autres visionnages pour être totalement digéré.
8.5/10
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