Un film qui regarde droit dans les yeux, soutiens son discours, s'appuie sur une mise en scène de référence et assume son rythme.
Le quatrième mur est en miettes, on nous donne même des consignes de visionnage ! L'histoire prend place dans des décors plastiques, un monde sans âme, aux mélodies mécaniques, aux foules synchrones et pourtant, le scénario n'a jamais été aussi vivant, c'est addictif. Je suis sorti de séance avec une forte impression de témoignage ; comme si ce que j'avais vu était réel.
J'ai du mal avec Cotillard mais dans ce contexte : c'est un
choix brillant ! Son jeu acquiert -dans ce contexte plastique- des degrés de lecture
invraisemblables. Est-ce un effet délibéré d'un choix de réalisation
intelligent ? Je vous laisse en juger.
Au delà donc d'une parole directement adressée à l'audience, de répétitions musicales appuyées et de ruptures de continuité narratives parfois violentes : ceci est réel.
Incongru, surnaturel, monumental.
Le discours esthétique sur le Poison de la Scène, du divertissement, qui pèse sur l'entertainer. Smells like teen spirit, le vert maudit des grands théâtres étale ses teintes toxiques d'un plan à l'autre et surtout quand les psychés -notamment de Henry- tressaillent. Jusqu'à un final poétique où on enferme le protagoniste dans un coin vert, toujours vert, d'un carrelage de piscine luisant.
Digne d'un nageur de Franck Perry (1968), mais avec un flamand rose en plus. twist
Enfin, ENFIN, à propos de l'objet même et de l'enfant Annette : l'approche machiniste est vraiment audacieuse et c'est très riche visuellement. Sur les traces d'un Dark Crystal de Jim Henson (1982) : le nourrisson, la créature, "she's out of this world", évolue et permet de développer efficacement la seconde moitié du film qui, c'est vrai, souffre d'un vrai premier creux rythmique.
J'ai beaucoup aimé, je me suis parfois ennuyé c'est vrai mais WAHOU, c'est un film qui slap très fort.