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"The first time I knew I was in love [...] I went and bought the biggest motorcycle I could find and I drove.”


Il y a d’abord la mise en place, les acteurs qui se fondent dans leurs rôles, Carax qui mixe et les Sparks qui introduisent.
Ici commence l’histoire, ici commence la tragédie absolue de l’amour à mort, l’histoire d’Ann et d’Henry ainsi que celle de baby Annette : l’histoire de Leos Carax en somme.


Sur une structure narrative immémorielle, l’amour conquiert le cynisme puis fait naître le monstre. Henry McHenry est ce monstre, nom gimmick et alter ego de l’auteur. Car ceci est une histoire vraie, c’est une histoire qui est d’abord d’une beauté assourdissante et finit en cauchemar assassin. L’amour a été tué, l’amour est mort.


Une chose est presque insoutenable à la vision du film: la dureté du jugement, le poids de la culpabilité, la pénitence de Carax.


Parlons d’abord de la performance des interprètes : Adam Driver et Marion Cotillard soutenus par Simon Helberg et les morceaux des Sparks sont immenses. Il en fallait autant pour que la mise en scène insensée de Carax, construite intégralement autour de l'image-temps, puisse lier par le montage une histoire construite en plan séquence réminiscence, film composé de souvenirs.


C’est ainsi les paroles chantées, répétées comme une litanie, l’absence totale de danse alors que la mélodie paraît la supplier d’exister. Non il n’y a que de la chorégraphie, avec des corps en collision entre eux-mêmes, collision d’amour, collision à mort.


Ainsi après les séquences où la beauté remplit le coeur jusqu’à la lie, le poison est injecté, bien qu’il ait probablement été présent à l’origine. Poison originel, Eve qui croque sa pomme à l’arrière d’une limousine, hantée par le monstre qui arrive et qui est pourtant déjà là.


La solitude ensuite, de Henry et de baby Annette, avant la découverte du miracle, fruit de l’amour, corrompu et exploité pour sa beauté, pour sa rareté, pour être coupable d’être la seule trace fantomatique de celle qui n’est plus, coupable d’être son écho.


Et Carax de condenser toute la brutalité de son désespoir dans la physicalité simiesque d’Adam Driver, gorille dans la brume, coupable de ne pas avoir évolué au-delà de sa condition terrestre. Il se bat contre sa condition humaine, terrible contingence pour celui qui a approché la vraie beauté, qui a touché au sublime, au sacré.


Alors les mots qui condamnent sont dits, devant le monde entier, jugement et terrible scène de fin où Henry/Leos se condamne à l’échafaud, mots terribles et chanson tragique, dialogue maudit et fin : “arrêtez de me regarder”. Fin.


Et ce film hanté d’hanter le spectateur, pour toujours par le destin tragique d’Henry et d’Ann, de Carax et du cinéma, de Carax et de sa vie intime.

Meo
10
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le 20 sept. 2021

Critique lue 149 fois

Meo

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