Dans l’abîme des passions ravageuses, Carax déconcerte autant qu’il enchante. Entre poésie et hantise, l’opéra funèbre d’Éros et Thanatos. Tellement difficile à noter ce film qui parle d’art et d’amour, si déconcertant et inventif, souvent sublime mais un peu inégal. Un hymne à la nuit et aux passions destructrices, à la noirceur plutôt qu’à la lumière. L’amour danse toujours avec la mort et Carax explore la part sombre des êtres éperdus dans leurs passion narcissique, leurs doutes, leur besoin de reconnaissance, dans leur rivalité, leur possessivité. Il est aussi question de parentalité, de ce qu’on projette sur les enfants, parfois jusqu’à en faire des instruments de son propre narcissisme …. Des moments fabuleux de poésie et d'émotions, des moments où des dialogues non chantés auraient été plus judicieux, des métaphores disséminées partout, des références à ses autres films, mais dans l’ensemble, j’ai adhéré à l'histoire de passion destructrice…et son épilogue plutôt radical m’a réconciliée avec la dimension émotionnelle. C’est très fort.