Je suis présentement à la recherche du cinéma dans ce film. Où est le cinéma ? Hé oh ? C'est bien beau de faire un film militant sur l'avortement et l'accès à la contraception des femmes pour qu'elles puissent être libres de leur sexualité, cependant s'il n'y a pas de cinéma, ce n'est pas la peine.


On a un film qui est sur des rails, tous les passages obligés y sont, je crois que le seul truc qui aurait pu être plus cliché c'est que sa propre fille tombe enceinte. On a la femme battue, la femme violée, la femme qui a déjà plein d'enfants, la femme qui culpabilise d'avorter... Comme s'il y avait une liste à de situations à cocher pour tout mettre dans le film. C'est désolant parce que ces femmes sont réduites à des situations et n'ont aucune personnalité. Et si elles n'ont pas de personnalité elles ne sont pas attachantes. Au lieu de multiplier les situations, il fallait en traiter une ou deux correctement.


Surtout que le film est passablement incohérent, Annie se fait avorter au début, ça se passe très bien, elle en parle à tout le monde au travail, mais elle n'en parle pas avec sa voisine avec qui elle semble super proche. Et forcément ce qui doit arriver, va arriver, c'est cousu de fil blanc. Je ne pige juste pas, Annie pourrait avoir peur d'en parler autour d'elle car c'est illégal et ça l'expliquerait, mais non, elle en parle au travail. Pourquoi elle n'en parle pas à son amie ? On est au delà de la simple facilité scénaristique, c'est juste que c'est écrit avec les pieds et qu'il n'y a aucun personnage dans ce film. C'est des fonctions et pardon pour la voisine et amie d'Annie, mais sa fonction c'était de mourir pour servir de moteur à l'intrigue. Pas de bol.


On peut également noter tant que je suis dans la nullité et d'unidimensionnalité des personnages que dans le film tous les hommes sont à des degrés différents des salauds (même les médecins qui pratiquent l'avortement), franchement le niveau de subtilité est au plus bas quand on voit Laure Calamy expliquer à son mec comment faire cuire des saucisses à la poêle... et avec le mari qui dit à son fils : ah tu vas m'aider. C'est vrai que c'est compliqué...


D'ailleurs il faut parler du jeu d'acteur, parce que tout le monde est faux dans ce film... Laure Calamy, Zita Hanrot, c'est une catastrophe. Le petit "oh" que sort Calamy quand on lui montre son col de l'utérus, j'ai rarement vu quelqu'un jouer aussi mal. En fait Blandine Lenoir n'a aucune idée de comment diriger ses acteurs, ils sont en roue libre. Tout le monde en fait des caisses. La scène au début où trois femmes vont se faire avorter et où forcément elles vont stresser, c'est à faire pâlir Jean Dujardin dans The Artist niveau surjeu. Et Robert Bresson s'est retourné dans sa tombe lorsque le mari de la voisine joue la tristesse.


En fait on a un scénario de docu fiction, il faut absolument montrer comme le MLAC s'est mis en place, mais au détriment de tout le reste. C'est juste un film informatif. Ok, mais dans ce cas là moi je lis la page Wikipédia. Et c'est souvent le problème avec ce genre de film militant, il n'y a pas de scénariste, de metteur en scène un peu compétent pour sublimer le sujet.


Et je dis militant c'est pour être gentil, mais j'ai trouvé le film politiquement assez con, parce que tout simplement c'est assez manichéen et pas assez développé. En gros il y a une dispute pour savoir si les médecins doivent avoir le monopole de l'avortement, parce que c'est facile, sans complication, avec cette nouvelle méthode qui est en train de se développer. Et c'est un vrai sujet, mais jamais les discussions sur le sujet n'ont l'air organique, on a l'impression que chacun récite son petit discours pré-écrit. Mais surtout le discours profondément de gauche qui serait l'émancipation des dominants qui dirigent car ils possèdent le savoir et dont le monopole de l'avortement par les médecins serait l'un des exemples, est évincé directement... Par contre on tartine bien sur la sororité entre bourgeoises et prolétaires sur la question de l'avortement.


J'ai donc vu un film bien gentillet, sans idée de cinéma, sans idée de mise en scène, sans idée dans la direction d'acteur, qui sert un propos pour défendre un acquis (c'est tellement dit explicitement dans la conclusion qu'encore une fois c'est assez ridicule), mais il ne faut surtout pas aller plus loin. Un film conservateur. Pardon, un téléfilm conservateur.

Moizi
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le 15 avr. 2023

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