Ca ne prévient pas quand çà arrive, c’est presque rien, mais c’est là que ça vous enserre, au creux des reins. Le mal de vivre. Charlie Kaufman et Duke Johnson auraient pu illustrer leur film avec la chanson de Barbara, tant ils s'appuient eux aussi par cette histoire sur cette faculté qu’à l’homme à courir sans arrêt derrière un hypothétique idéal de vie, d’amour, au point tel qu’il en vient parfois à se détruire.


« Anomalisa » est une oeuvre sombre, prodigieusement déprimée, et pourtant prodigieusement remarquable.


D’abord parce que la technique d’animation n’a jamais été aussi proche non pas de la réalité, mais d’un réalisme humain dans les attitudes et les expressions de visage. Ce que d’aucuns pourraient considérer comme inabouti au niveau mouvements (vitesse) ou de la forme (perspective des silhouettes aléatoire) n’est en fait que le reflet d’une vision d’humeur, morose il faut le dire, celle Michael Stone.


Le scénario est également hors pair par sa singularité et surtout sa précision. On rejoint l’excellence de « Adaptation », ou de « Eternal sunshine of the spotless mind » du même Kaufman. Il est un scénariste exceptionnel. Partant d’un fait on ne peut plus simple, un homme qui ne trouve place dans la vie (ce qui pourrait se conter en trois minutes). Il s’en sert comme d’une colonne cérébral, pour faire évoluer le pauvre Stone qui ne peut s’exprimer que par le biais de pensées intimes ou de rêves cauchemardesques. Et c’est là le génie de Kaufman de nous montrer l’homme tel qui est et non pas tel qu’on le perçoit. Un conflit intérieur sans issue.


Il faut quand même avoir le cœur bien accroché pour suivre « Anomalisa », le film pourrait vite plomber le moral à certains. Car globalement, Kaufman, dans sa conclusion a raison, « on fait tous le même chemin, mais qu’il est long de le faire avec ce mal au creux des reins ». Le mal de vivre.

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le 5 févr. 2016

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Fritz Langueur

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