C'est l'histoire que William Shakespeare n'est pas William Shakespeare mais en fait Edouard Vere, Comte d'Oxford.
Le scénario est aussi simple que ça contrairement à la réalisation qui n'en finit pas de circonvolutionner.
On part d'une scène de théâtre racontant la "vrai" histoire pour passer à l'Histoire. Histoire avec un grand "H" qui va d'avant en arrière avec forces flashbacks et au bout d'un moment, ça devient fatigant à suivre, mais pas totalement inintéressant bien que hautement spécieux et improbable. Roland Emmerich tente de sortir de sa case attitrée de faiseur de blockbusters bourrins et je pense que du coup il en fait trop. Dommage, c'est visuellement léché et pas sans qualité mais le trop est l'ennemi du bien dans ce cas.
Certes, les théories sur l'identité de WS sont légions et tendent pour la plupart vers la non existence de l'immortel barde ou bien à son statut de prête nom.
J'ai vu un documentaire (sur Arte mais j'en ai oublié le titre), extrêmement bien documenté et qui pouvait jeter un doute défendable sur la propriété intellectuelle des œuvres attribuées à William Shakespeare : le fait qu'il n'y ait aucun manuscrit littéraire de sa main contrairement aux autres auteurs de son temps mais bien des manuscrits administratifs et le fait que son père ait été illettré comme la plupart des gens de sa condition tout comme sa femme et ses enfants entre autres, mais je digresse.
En l'occurrence, on tente de nous vendre un noble, accompli, marié de force à la puritaine fille de Robert Cecil, conseiller privilégié de la reine Elizabeth et farouche opposant de toute forme d'art comme représentation du démon.
Un Comte d'Oxford, ancien amant d'Elizabeth et père de l'un de ses nombreux bâtards, lui même premier bâtard d'Elizabeth qui aurait donc couché avec lui sans avoir que c'était son fils et qui, pour mettre le Comte d'Essex (amant de la reine normalement mais ici présenté comme leur fils, connu de tous) sur le trône, aurait décidé de manipuler les foules par ses pièces, utilisant Ben Jonson comme prête nom. Mais en fait l'acteur illettré et buveur William Shakespeare aurait pris la place.
Tout cela est bien compliqué, comme le montage, et franchement peu crédible et moyennement distrayant au bout du compte.
A la limite, ça semble tout aussi erroné que "Shakespeare in Love", mais au moins ce dernier se regarde sans bailler.
Les acteurs ne déméritent pas cependant. Rhys Ifans est un excellent acteur qui ne fait pas que les décérébrés en slip et t-shirt à message discutable.
Pas une totale perte de temps mais pas l'éclate non plus. Mieux construit, cela aurait pu être passionnant.
De toute façon, l'important n'est pas vraiment de savoir qui a écrit ces œuvres, mais bien qu'elles l'aient été. L'important ce sont le sonnet 116, Henry V, Hamlet ou Macbeth par leur auteur.