Il existe des films si sucrés et si mièvres qu'ils vous donnent envie de vomir. Et puis d'autres qui ont eu la main leste avec le sel, l'épice, l'amer, à tel point que l'indigestion n'est pas loin non plus.
Another Happy Day est de ceux-là. Car à trop vouloir dérouler son canevas de personnages givrés, suicidaires, malades, psychotiques, j'en passe et des plus barjos, le réalisateur nous noie sous un déluge d'invraisemblances bien trop noires et glauques pour qu'on accroche.
Le film démarre quand même pas mal, bien que basé sur un sujet vu, revu et vu encore dans le cinéma, j'ai nommé la famille de cinglés, avec secret(s) à l'appui. Mais quand on aime ce type d'histoire on se régale des premiers instants du film avec Ellen Barkin en mère désaxée mais blessée et surtout Ezra Miller, irrésistible de bout en bout.
Cependant, une fois la première demi-heure passée, on sent déjà l'indigestion pointer le bout de son nez. Les personnages se suivent et se ressemblent dans leur bargitude. Aucun n'est là pour rattraper l'autre. Femme battue, scarifications, drogues, autisme, coups bas... Le cocktail devient tellement imbuvable qu'on reste sur le bas côté en attendant que le film prenne fin dans le regard noir de Miller qui, décidément, reste l'atout majeur du long-métrage. Car oui, entre temps, on ne voit de Barkin que sa moue refaite au silicone et ses larmes de crocrodile...
Pour un premier film, je reste indulgente car le potentiel est là mais le sujet était, je pense, beaucoup trop délicat à traiter. Le manque de subtilité et de maîtrise de direction d'acteurs pêche férocement. J'attends tout de même le prochain film de Levinson, pour voir s'il aura su adoucir sa recette et ranger son sel au placard.