Si Anselm reste très inaccessible dans sa proposition, ceux qui auront l'énergie et la curiosité de le voir ne pourront que passer un moment unique de cinéma. Anselm est le nouveau documentaire de Wim Wenders (illustre réalisateur de Paris Texas, entre autres bangers), et fût présenté en séance spéciale au festival de Cannes 2023. Il sortira en salles françaises le 18 octobre, et a la particularité d'être en 3D, chose bien rare chez les films d'auteur. Ce documentaire raconte l'histoire d'un artiste allemand nommé Anselm Kiefer, artiste ayant touché à énormément de formats (peinture et sculpture en particulier, mais bien d'autres choses en plus), particulièrement adepte du gigantesque et du spectaculaire.
Difficile de faire plus immersif, difficile aussi de sortir du film en ayant des reproches à faire à la réalisation de Wim Wenders. On touche vraiment au graal de la réalisation, en tout cas c'est comme cela que je l'ai vécu. L'hommage à Anselm Kiefer devait avant tout passer par l'image, et de ce point de vue Wim Wenders n'aurait pas pu faire mieux. L'immersion est totale, bien aidée par une 3D très réussie, et les visuels sublimes s'enchaînent les uns après les autres sur l'oeuvre d'Anselm Kiefer. Wim Wenders s'adapte très bien aux différentes oeuvres de l'artistes, peu importe leur taille, leur profondeur, il sait toujours les mettre au mieux en valeur. Anselm en devient donc absolument exceptionnel de beauté, beauté constituant presque ici un euphémisme, magnificence semblant être ici plus adapté tant les objets filmés sont aussi grands que splendides.
La narration accuse cependant une lenteur indéniable, et rend le film d'après moi particulièrement innacessible au grand public. Je trouve cela dommage, car Anselm aurait pu chercher à toucher par son propos beaucoup plus de monde, simplement avec un meilleur rythme et le choix d'une véritable narration, complétement absente du film. L'oeuvre d'Anselm Kiefer peut parler à tout le monde, tant elle est riche, et visuellement très puissante. C'est un parti pris assumé, mais qui privera forcément le film d'une audience. En attendant, si l'histoire d'Anselm Kiefer est racontée très lentement et de façon particulièrement décousue, elle saura satisfaire celui ou celle qui sait contempler. Personnellement, si j'ai failli piquer du nez dans la salle cannoise et que je trouve l'exercice de la contemplation particulièrement difficile sur 1h30, j'ai vu ce film comme une occasion de réapprendre quelque chose d'oublié : prendre le temps de voir, se contenter d'observer. J'espère que d'autres se motiveront de la même façon, car Anselm mérite indéniablement d'être vu.
Merci infiniment de m'avoir lu. Je tiens un compte insta sur le cinéma, le voici, j'espère que vous y jetterez un coup d'oeil :)
<3