Trop c'est trop
Ayant vu le film à l'époque en avant-première, je me contenterai de dire que c'est une oeuvre démente: le fruit d'un esprit malade et dérangé en dépit de certains passages assez beaux noyés hélas...
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le 15 août 2011
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Antichrist fait partie de ce genre de films qu'on n'aborde pas sans idée préconçue (comme, pour ma part en tous cas, les quatre derniers films de LVT). Il figure sur toutes les listes des films les plus traumatisants ou choquants, est régulièrement cité pour sa violence graphique et les interdictions qu'elle lui a valu, et participe clairement à l'aura de scandale qui entoure le nom de Lars Von Trier. D'accord.
En ce qui me concerne j'ai aimé ce film. Au sens fort du mot "aimer".
Il est difficile de choisir par quel angle l'aborder, tant les films de LVT sont composés de façon complexe, avec toutes ces références et tous ces jeux qu'on n'a absolument pas besoin de comprendre pour apprécier le film, mais qui suscitent quand même un certain plaisir quand on se dit "Ah ! je vois ce qui se passe ici..." C'est vraiment une façon de faire de l'art que j'aime beaucoup. Parmi les références, il y a bien sûr celles à Tarkovski, qu'il adore, et à qui le film est dédié. Pour le coup je pense que c'est plus une question d'ambiance que de citations explicites, mais je connais mal Tarkovski. Ceci dit il y a quand même ce motif de la sorcellerie, ou cette utilisation du noir et blanc qui ne sert ni à différencier des moments différents dans le temps (passé vs futur comme classiquement) ni à séparer le rêve de la réalité... Alors quoi ? Le fantasme peut-être ?
En tous ces, cet aspect un peu tortueux du film c'est encore une invitation de LVT à pénétrer ses références, celles qui l'ont formé, intellectuelles ou pas, mais aussi à découvrir des angoisses, des fantasmes parfois terribles... D'où le fait que je comprends clairement en quoi ce film est choquant. Mais ce n'est pas seulement de la provoc, même si ça fait aussi partie du personnage, et qu'on peut l'aimer pour ça.
Par exemple, au début du film, quand on voit en parallèle cette pénétration en gros plan et cet enfant qui meurt... Les deux images sont communes (le sexe et la mort) mais rarement montrées comme ça, sans voile. Ça va plus loin, il y a une esthétisation de cette crudité, une façon de montrer les choses sans détour, de ne pas avoir peur de filmer des corps, ni de la vulgarité. Mais ce n'est pas gratuit, puisque par ce montage initial, le lien entre la mort et le sexe est établi.
Et c'est un motif qu'on va retrouver tout au long du film... Les envie du personnage de Gainsbourg, qui a besoin de jouir à tout prix, comme si le sexe allait lui permettre d'expier cette culpabilité qui rentre en collision avec le contrôle et la stature froide du personnage de Dafoe dont l'orgueil le mène à vouloir être le thérapeute de sa femme et qui va donc lui refuser ce plaisir. Et avec ça, la culpabilité liée au sexe, la scène de l'excision qui montre à quel point son désir est devenu insupportable au personnage de Gainsbourg, puisque c'est pendant qu'elle baisait que son gosse est mort. J'ai trouvé cet aspect extrêmement émouvant. LVT a une façon tellement vraie de filmer la douleur...
On a pas mal accusé le film d'être misogyne, et je comprends pourquoi. Pourtant, je ne pense vraiment pas qu'il faille tirer de ce couple et des opinions du personnage de Gainsbourg des généralités sur ce que pense LVT de la chasse aux sorcières... Au contraire, on voit bien par son refus du corps, le fait qu'il la prive de ses médicaments et sa froideur que le personnage de Dafoe est avant tout le bourreau de sa femme, avant d'en devenir la victime. Les choses sont donc complexes, il n'y a ni noir ni blanc, et le plan final qui fait de Dafoe une sorte de Satan (qui s'ignore) présidant un sabbat de sorcière est assez significatif (bien que plus mystérieux encore...).
Il y aurait tellement d'autres choses à dire, sur ce que j'ai trouve génial, ces plans, ces images cauchemardesques, cesidées de cinéma délirantes... Mais j'en ai assez dit.
Créée
le 19 janv. 2023
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