La bande annonce d'Antigang laissait augurer une piètre comédie qui n'avait rien à envier aux productives bessonnades habituelles et lourdingues. Il n'en est rien. Car la bande annonce n'a piqué que dans le premier tiers du métrage (en gros) qui sert à présenter l'unité et faire que l'on s'attache aux véritables gueules qui la composent. Et Benjamin Rocher y réussit. Grâce à un véritable esprit de meute qui ne sonne pas faux. Grâce à un Jean Reno de mauvais poil et qui ne desserre pas la mâchoire. Et surtout grâce à Alban Lenoir, rigolard, l'air de chien fou, gouailleur, répondant toujours présent pour casser quelques gueules dans la bonne humeur. Son enthousiasme n'est pas feint, à l'évidence.
La bande annonce ne rend pas compte du travail du réalisateur d'Antigang, qui arrive à nous livrer quelque chose d'un peu plus nuancé que la comédie policière à la cool et je-m'en-foutiste qui nous était promise. Si les trente premières minutes permettent de jubiler dans l'action souvent ponctuée d'une punchline et d'un bon coup de batte de baseball, elles sont aussi baignées par les entraves administratives et hiérarchiques qui ont peur des bavures, des dommages collatéraux et des descentes sauvages qui s'affranchissent joyeusement des réglements et de la bienséance toute française, alors que les criminels sont toujours plus armés et plus violents. En France comme aux USA, les "cowboys" ont mauvaise presse.
Ce que la bande annonce ne vous dit pas, c'est que le film devient subitement crépusculaire alors que le destin de certains héros se précipite. Bon, crépusculaire n'est peut être pas le terme adéquat. Mais le virage est cependant suffisamment marqué et net pour que le spectateur ait clairement l'impression qu'il a mis les pieds dans un autre film. L'humour s'efface alors presque totalement au profit d'une certaine tension et l'on tremble parfois (un peu, hein, cela reste très conventionnel et classique) tout en se demandant si un loup de la meute ne restera pas sur le carreau une fois toutes les douilles tombées à terre.
Antigang, s'il n'est pas le film du mois, est cependant une série B décomplexée, énergique, assez généreuse en action et proche de ses personnages attachants pour que le spectateur ne regrette pas le prix de sa place et trépigne, comme certains des protagonistes, à l'idée de se jeter à corps perdus dans la bataille, qu'elle soit au corps à corps avec la fameuse batte de baseball ou à main nue, ou encore dans des fusillades dantesques et des cavalcades urbaines haletantes. Le spectacle proposé s'avère ainsi plaisant, honnête et très efficace, faisant oublier jusqu'à certaines situations assez peu réalistes. C'est tout ce qu'on demande à un film de ce genre, non ?
Behind_the_Mask, qui a envie de troquer sa machette contre une batte de baseball.