Ce n’est pas parce qu’on est le fils de Cronenberg qu’on doit se sentir investi d’une mission patrimoniale, consistant à reprendre les thématiques chères à papa (et quelques peu délaissées depuis, disons, 15 ans).
Brandon part donc avec un certain nombre de casseroles pour son premier long métrage, qui, soyons honnête, aurait pu être bien pire.
Le parti pris d’une photographie clinique, d’un blanc immaculé, occasionne quelques images saisissantes et le personnage principal est suffisamment glacial pour susciter les réactions malaisantes attendues.
Mais cette dystopie, passée la première exposition, lasse assez rapidement ; sur un principe insolite proche du Lobster de Lanthimos, elle imagine les dérives d’une société obsédée par ses stars et leur beauté au point de vouloir partager leur infection. C’est, d’une certaine manière, le pas supplémentaire au final orgiaque de Neon Demon : l’ingestion de la beauté pour qu’elle infuse son propre corps.
De corps, il sera donc question, et à l’excès. Notre protagoniste (Caleb Landry Jones, convaincant, et habitué aux rôles border-line puisqu’on le retrouvera par la suite en frangin perché dans Get Out) ne cessera d’inscrire dans sa chair tous les soubresauts d’une intrigue assez alambiquée, vomissant tripes et boyaux tous les quarts d’heure.
Car les maladresses l’emportent : dans cette démonstration permanente sur le règne du star system, appuyée comme le serait la dissertation d’un adolescent, dans ces évolutions du récit qui se font à coups d’innovations technologiques improbables : en somme, tout est possible, et on se désintéresse assez rapidement des enjeux.
Ce n’est pas parce qu’elle est saugrenue qu’une idée est bonne ; ce n’est pas parce qu’il n’a jamais été exploité qu’un motif en deviendrait soudain légitime et fertile. Antiviral se voudrait toxique, mais sa capacité à toucher relève plus de l’homéopathie.