Le film relate avec justesse les débuts de Tchekhov, jeune médecin méritant et humaniste, tout en écrivant ses Nouvelles; travaillant sans relâche pour entretenir une famille aux rapports compliqués entre un père dévot, (Henri Troyat le décrit comme un fou de Dieu dans sa biographie), une brave femme de mère effacée, des frères oisifs, une soeur complice et douée.
Ce n'est qu'au dernier quart d'heure du film que sera évoqué son théâtre : le jeune auteur, effaré par le jeu des comédiens qui ne tiennent pas compte de ses indications, leur fait part de sa déception:
"...vous voulez prouver que vous êtes de bons comédiens, mais du coup vous tuez les personnages..."
"...il faut rendre les souffrances comme elles s'expriment dans la vie, avec une intonation simple; un regard..."
"...il serait préférable de simplement traverser la scène en ligne droite - sans regarder personne....n'ayez pas peur de l'ennui..."
Force est de constater que René Ferret a respecté ces préceptes à la lettre - notamment pour diriger le sympathique et falot comédien qui joue Tchekhov, car on s'ennuie ! résultat: un jeu linéaire, sans relief, une seule expression .
En revanche, des comédiens plus expérimentés tirent remarquablement leur épingle du jeu et dynamisent un tant soit peu cette mornitude: je pense à Frederic Pierrot (Tolstoï allumé), Jacques Bonaffé (l'éditeur et mécène), Jean Pierre Moulin (impressionnant prisonnier), Robinson Stevenin.
L'épisode sur le bagne de Sakhaline est très intéressant avec des images sublimes (tournées en Norvège).
Il faut absolument saluer la musique remarquable de Marie Jeanne Serero - précise, toujours juste et intense, sans boursouflure inutile, et le soin apporté aux décors et costumes.

amicric
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le 9 nov. 2020

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amicric

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