Je m'attendais à un western brésilien, perspective intrigante. Et puis ma liste de réalisateurs ne compte aucun Brésilien, une lacune tout de même. Glauber Rocha serait le plus fameux d'entre eux ? Zut alors.
Car cet Antonio m'a surtout semblé d'un ennui mortel. Enfin ennui, non, ce n'est pas le mot juste, je n'ai pas regardé ma montre toutes les cinq minutes – il faut dire que j’étais dans de bonnes conditions ce soir-là. Plutôt une absence d'intérêt à ce qui se passait à l'écran. Sans doute faut-il avoir les codes culturels ? Dans ce cas, il faut faire un minimum d'efforts pour les donner au spectateur... Expliquer, par exemple, ce qu’est un cangaceiro (un bandit du Nordeste), qui fut Lampiao (l’un de leurs chefs mythiques). On comprend tout cela petit à petit mais même une fois cela acquis, on sent qu’on manque cruellement de connaissances sur le contexte du coin.
L'histoire est une trame classique de western : un tueur à gages reprend du service, vient éliminer un chef rebelle. Dans ce village, le chef de la police, celui qui a fait appel au tueur, vise la place et la femme du grand patron, aveugle qui a conservé sa bouillonnante sève. Celui-ci, ayant découvert ce qui se tramait, fait appel à un autre tueur et sa bande.
De quoi faire un western n’est-ce pas ? Oui, mais cette histoire est associée à une double dimension, politique avec l’instituteur, mystique avec Antonio das Mortes confronté par l’intermédiaire d’une sainte à ses crimes passés et soudainement converti.
Cet argument, dont quelqu'un comme Jodorowksy aurait sans doute tiré une œuvre pleine de surprises, Rocha en fait un globiboulga abscons, qui n’est jamais parvenu à m’intéresser. Si, une fois : la scène de duel entre Antonio et Coreira, reliés par le foulard rose du tueur à gages. Sur fond de chants festifs, qui ne s’arrêtent pas même lorsque le chef a été tué ! Impossible de mettrefin à ces incantations, même la police en tirant en l’air s’y casse les dents. Voilà l’unique scène un peu réjouissante du film.
Pour le reste, on alterne de longs tunnels montrant des danses traditionnelles qui donnent l’impression d’assister à un Connaissance du monde sur le Nordeste du Brésil (les explications en moins), et des moments de luttes sanglantes ou d’étreintes au sol avec la femme convoitée par tous (cette séquence sur fond de musique hystérique). A la fin, une fusillade digne de Sam Peckinpah, sanglante à souhait. L’image ressemble à celle des films de famille, de ceux que l’on tournait jadis avec une caméra super 8…
Film primé à Cannes pourtant. Il faudra m’expliquer. Pour un western détourné, mystique et déjanté, voyez plutôt le passionnant El Topo de Jodorowsky.