Après un Dance, girl, dance qui ne m'a laissé aucune impression il y a de années, je découvre un peu mieux la carrière de la réalisatrice à la Cinémathèque qui lui a consacré un cycle au printemps 2017.
Anybody's woman qui ouvrait le bal pour moi possède autrement plus de caractère et de personnalité que ma première tentative.
Ce n'est toute fois pas une pleine réussite à cause d'une direction d'acteurs pour le moins inégale et d'une réalisation rigide. Pourtant Arzner sait composé des cadres avec un vrai travail sur l'intégration des personnages dans le mobilier et le décor : long couloir richement décoré et légèrement floue qui accentue la solide du personnages, des pièces assez vides, un long escalier qui ridiculise l'héroïne, des fauteuils dans l'arrière plan, tous orientés dans la même direction, qui symbolise l'absence de communication du couple...
Le début est ainsi savoureux avec l’appartement de deux hommes alcoolisés dont une fenêtre donne sur une modeste chambre où deux femmes souffrent de la chaleur. La profondeur de champ est bien exploitée, les variations des cadrage dans la chambre "féminine" permet de comprendre tout de suite leurs origines et leur quotidien d'autant que les focales et les objectifs accentuent la place des personnages dans l'environnement. Enfin l'idée du ventilateur qui porte la voix des deux amies dans l’appartement voisin est assez originale.
Arzner sait donc créer des cadres et des images mais elle a plus de mal à les rendre vivants. Passé cette séquence de présentation, le film souffre rapidement d'une raideur statique plombante qui est loin de compenser les défauts d'une interprétation souvent maladroite : Clive Brooks est mauvais comme un cochon tandis que Paul Lukas est impérial. Quant à Ruth Chatterton, elle peut-être tour à tour admirable ou totalement fausse comme lorsqu'elle se saoule à un diner mondain et n'arrive plus à se contenir.
A cause de tout ça, j'ai vraiment eu du mal à m'attacher aux personnages et à croire aux passions qui rythment ce triangle amoureux. Il est par exemple dommage que les amis qui se trouvaient dans la première séquence disparaissent du récit sans justification.
C'est dommage car sur le principe, l'écriture et la psychologie sont vraiment intéressantes et plutôt fouillées. On pourrait même dire assez moderne en parvenant à sortir des stéréotypes. Chatterton principalement est assez complexe et certainement pas unilatéral. La réalisatrice en fait autant une femme incroyablement sexuée (le début avec la moiteur, le ukulélé et sa tenue pour le moins légère) qu'une épouse fragile ou encore une farouche indépendante. C'est évidement sur cet aspect qu'Anybody's woman marque les esprits.