Et l'occurence, ça casse. Et franchement c'est dommage, la bande annonce me donnait vraiment envie d'aller voir Apaches, deuxième long métrage de fiction de Romain Quirot. Je ne connaissais pas le réalisateur, je me suis donc uniquement basé sur la bande-annonce : action, voyous, du sang, les ingrédients sont réunis pour faire un bon film de gangsters, l'esthétique pop en plus. Parce que c'est surtout ça qui tape dans l’œil. Et en effet, pendant l'heure et demie de film, on retrouve les couleurs vives et le dynamisme, qui contraste avec la volonté de tourner un film d'époque. Mais au milieu du film, on a l'impression que tout le budget est passé dans la photographie, au dépend du scénario.
Spoilers ahead.
Ça débutait relativement bien pourtant. La misère dans laquelle évoluent les orphelins est bien rendue à l'écran, les bases sont posées, les personnages qu'on retrouvera plus tard dans le film sont correctement présentés. Arrive le premier bémol du film, la scène de la roulette russe. Jésus (Niels Schneider), Ours (Artus), Bel Oeil (Hugo Becker) et Nadja (Armelle Abibou) sont morts de rire, et puis s'étonnent que le gamin se fasse sauter la cervelle. Aucune tension, aucune émotion. On croit assister à un remake un peu foireux de The Deer Hunter, avec un Niels Schneider qui se la rejouera Astérix dans La Haine un peu plus tard dans le film.
Ensuite, le film reprend, jusqu’à la sortie de prison de Billie (Alice Isaaz) et la bagarre dans le bar. Certains ont peu apprécié cette scène de violence gratuite, mais je suis venu voir un film de gangsters, j'aime bien la scène, d'autant qu'elle permet de comprendre que Billie n'est pas là pour rigoler, qu'il lui manque une case, et qu'elle va tout faire pour se venger. Et puis, après ça, le vide. Après une accroche que je trouve relativement réussie, plus rien ne se passe. Je l'ai dit plus haut, les personnages sont bien introduits, mais ça ne va pas plus loin. Le film pêche surtout, selon moi, lors du (trop) long passage où l'on suit Billie commettre toute une série de larcins avec ses nouveaux compagnons. Mais on ne sait pas pourquoi ils les commettent, sur qui, quelles conséquences. C'est du temps qui aurait pu être utilisé pour développer les personnages, leurs relations, et notamment le triangle amoureux entre Billie, Jésus et Polly (Rod Paradot). La scène où Jésus et Bille dansent avec les feux d'artifices tente de faire monter le climat d'ambiguïté, mais bon franchement : qu'est ce que c'est lourd. Et en fait, le problème est même plus grand et plus profond. On ne sait pas pourquoi Billie tombe amoureuse de Jésus. Certes, Niels Schneider est beau gosse, mais Billie a rejoint les Apaches pour se venger et le tuer. Et elle perd tout de suite le côté dérangé qu'elle a lors de la bagarre dans le bar, ou lors de l'assassinat de Bel Oeil. Quand à Jésus, on comprend qu'il a succombé au charme de Billie tant grâce à sa beauté qu'à son caractère bien trempé, mais ça s'arrête là. Et il semble avoir bien vite oublié Nadja, qui meurt dès qu'on a découvert qu'elle était au couvent pour des raisons obscures. Bref, on n'y croit pas. Et c'est valable pour tous les personnages, qui sont présentés de manière superficielle. On ne s'attache à aucun d'eux.
Et le film aurait juste pu être moyen, un film au grand potentiel mais inexploité. Mais la fin est terrible. D'abord la mort d'Ours. C'est le personnage le plus développé, notamment grâce à l'histoire d'amour avec Berthe (Émilie Gavois-Kahn). Pourtant, sa mort est un grand moment de gêne. Au manque d'empathie ressentie pour le personnage s'ajoute un surjeu terrible.
Et puis arrive la fin de la fin : la scène de l'église. Jésus tue le prêtre qui a recueilli Billie, la pend, met le feu à l'église. Mais elle réussi à s'échapper.
Elle rattrape Jésus et accomplit sa vengeance.
Et en fait non. Sous les tirs des policiers, les deux échangent des regards qui se veulent dramatiques. Ils sont aux portes de la mort, ils le savent, mais des sentiments contraires les envahissent. POURQUOI ?? Le mec vient d'essayer de buter Billie, mais elle l'aime encore. Encore une fois, on n'y croit pas du tout, c'est aussi un grand moment de gêne.
Pour conclure, je trouve dommage que le manque de scénario et les personnages rendus antipathiques par ces manques viennent gâcher une idée avec du potentiel, et une esthétique mêlant film historique et culture pop.